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218 TRAITRE OU HÉROS. d'Etat et du savant et il en est peu qui soit en môme temps pius propre à fournir des inspirations au poète (1). Cette (erre, autrefois grenier de Rome, où l'oranger et le cilronier forment d'odorantes forêts, où le myrte acquiert !e port majestueux d'un arbre, où les ruisseaux coulent au fond des vallées sous des berceaux de lauriers roses, est habitée par une race intelligente et généreuse, vaillante et flère, qu'a- nime encore, et la foi religieuse de ses ancêlres et l'esprit national dont se montrèrent enflammés jadis les Hiostus et les Arsicoras (2). Mais celte terre du soleil, des fleurs, elAes fer- ventes amours, est à la fois la terre des haines indomptables : Terra Dei fervidi amore. Terra degli odii tenace, El ce n'est pas tout à fait sans raison que l'on pourrait dire d'elle, ce que lord Byron, dans sa Fiancée d'Jbydos, dit de la poétique patrie de Sélim et de Zuléika : « Contrée où le cyprès et le myrlhe forment le double et fidèle emblème des actions de l'homme qui l'habite; où la rage du vautour et l'a- mour de la tourterelle fournissent une égale part de tendres histoires et de sombres récils. » LA VENDETTA. Aussi constant dans ses affections que dans ses haines, le Sarde ne rompt presque jamais les nœuds qu'il a formés, mais il ne saurait pardonner la moindre injure qu'il croit faite à son honneur. Les rapports mutuels entre les divers membres d'une mémo famille, ont quelque chose de touchant et d'antique que se plaît à signaler, dans son voyage en Sardaigne, l'illustre gé~ (1) Voyez les lettres charmantes et si vivement colorées que M. Henry Monier a données sur la Sardaigne dans la lie vue du Lyonnais. (2) Chefs sardes morts en combattant les Romains.