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200                ESSAI SUR QUELQUES CIHFFRES

entier affluèrent à Rome et y produisirent une véritable ré-
volution dans la fortune publique aussi bien que dans les
fortunes privées.
   Si l'on veut savoir quelle était, vers la fin de la république,
le chiffre moyen de la fortune des chevaliers romains, les
financiers de l'époque, on peut prendre pour type Pomponius
Atticus, le célèbre ami de Cicéron, dont Cornélius Nepos
nous a donné l'intéressante biographie, et qui sut si bien
concilier le goût des lettres avec les soins de cette fortune
qu'il mit au service de tous ses amis. Son père lui avait
laissé vicies sestertium (400.000 francs), ce qui paraissait
bien modeste. Néanmoins, grâce a sa bonne administration,
il sut toujours s'en faire honneur. Mais lorsque son oncle
Cécilius y ajouta un héritage de deux millions de francs
 (centies), il passa pour un riche particulier. Toutefois, il resta
toujours bien loin de Crassus qui, sous ce rapport, surpassa
 tous ses contemporains, excepté peut-être Lucullus dont
nous ne connaissons pas le chiffre. Au rapport de Pline (6),
Crassus possédait, en terres seulement, 40 millions de francs
[in agris bis milites), outre l'argent, ses maisons en ville,
ses esclaves et tout son mobilier. Pline ajoute que les trois
affranchis de Claude, Pallas, Calliste et Narcisse étaient en-
core plus riches.
   A côté de ces richesses fabuleuses, nous voyons des
ruines faites pour nous, étonner, môme dans notre siècle si
fécond en ce genre de catastrophes. Ainsi Milon, l'ami et le
client de Cicéron, qui entretenait à ses frais des troupes de
gladiateurs, devait quatorze millions de francs (septingenties).
Ce bilan, que Pline (7) regarde comme un prodige (inter
prodigia animi humani), fut soldé par une banqueroute.
L'ennemi de Milon , le fougueux tribun Clodius, avait payé

  (f.) Pline, 33, 47. — (7) Pline, 36. 15.