page suivante »
474 MORT DE JEANINE D'ARC. Qui guidant des Français l'héroïque fureur Dans les rangs ennemis répandait la terreur. Sa voix ni son regard n'ont plus rien de sévère : C'est la douceur du Christ montant sur le Calvaire. L'Anglais n'excite plus sa haine, son courroux ; Anglais, juges, bourreaux, elle pardonne à tous ; Hélas! elle demande aussi qu'on lui pardonne. Elle ne nomme pas le roi qui l'abandonne Jeanne n'appartient plus au terrestre séjour : Son cœur est embrasé par le divin amour, De cette sainte ardeur son âme pénétrée A d'autres "sentiments ne permet plus l'entrée. Un moment, on eût dit qu'elle emportait aux cieux Même ses ennemis dans son élan pieux. Ainsi Jeanne priait, et tandis qu'elle prie, Elle émeut jusqu'aux pleurs cette foulé attendrie. Winchester et Beauvais de ces pieux accents Sont eux-mêmes touchés ; émotion des sens : Rien ne peut amollir le marbre de ces âmes : Elle sera livrée au supplice des flammes. Leur pitié se dissipe ; et las de ce retard, Beauvais du cardinal consulte le regard. 11 se lève ; d'un geste il obtient le silence Et du saint tribunal vient lire la sentence. Comme le chien revient à son vomissement Jeanne, dit-il, ton cœur dans son aveuglement, N'a pas craint le retour à l'erreur abjurée, A l'abîme du mal dont nous t'avons tirée. Donc nous te retranchons comme un membre pourri, Qui du pain consacré ne peut être nourri. Au pouvoir séculier l'Eglise t'abandonne. Mère juste envers toi, sans cesser d'être bonne, Elle vient conjurer ce pouvoir, par ma voix, De vouloir adoucir la rigueur de ses lois De l'inquisition la tâche est accomplie. L'autre juge a compris la voix qui le supplie.