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146                        .   DEMVn'iZIEU.

 partir le prince et le conduisit a Chambéry, où Djem fit con-
 naissance avec le jeune duc Charles de Savoie, dont il sut
 s'attirer les sympathies, a un tel point que le duc s'occupa
 activement de lui procurer les jiioyens de briser ses fers et
 de parvenir en Hongrie. Le grand Prieur s'aperçut de ces
 trames secrètes, et, pour conserver a l'ordre de Rhodes un
 otage aussi précieux, il l'enleva subitement et le conduisit en
Dauphiné, au château de Rochechinard, chez son neveu
Barrachin Alleman, avec diverses personnes de sa suite.
    Pendant son séjour assez prolongé dans ce château, Djem,
 quoique gardé à vue, fut toujours traité avec respect, et
l'on s'efforça de le distraire par des fêtes, des chasses et des
courses dans les environs.
    Il avait alors moins de 23 ans, « brave, robuste, adroit a
 « tous les exercices du corps, d'un esprit brillant et orné,
« et poète remarquable, dit un historien, il exerçait sur
« tous ceux qui l'approchaient, une espèce de fascination. »
    Parmi les seigneurs du voisinage, que visitait le jeune
prince, figurait Jacques de Sassenage, dont le sire de Roche-
chinard était un des principaux feudataires et qui habitait le
château de Labâtie des Royans. Djem avait été frappé de la
beauté de Philippine fille de ce grand baron. Avec sa fougue
orientale, il l'aima bientôt éperdument et fut, dil-on, payé de
 retour.
    Les annalistes turcs, qui ont donné des détails sur le sé-
jour de Djem en Europe et surtout en Dauphiné, disent que
Philippine de Sassenage était extrêmement belle, et qu'elle
 devint amoureuse du prince. Djem répondit à son ardeur,
 et bientôt il y eut entre les deux amants un commerce de
lettres que suivirent des entrevues passionnées (1)

  (1) V. Saad-Eddin effendi, historien lurc et Cantemir auteur d'une vie
de Bayesid 11 ; 33 e et 51* cahiers de la Société Asiatique, de M. de Ham-
mer, et les diverses histoires de l'empire ottoman.