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108                       QUERELLE DES ANCIENS

sont perdus et que la chimie moderne n'a pu retrouver ;
bornons-nous à rappeler le feu grégeois.
   Ils avaient deviné dans l'air l'existence d'un esprit qui
entretient la vie comme le feu, que Schéele a appelé phlo-
gistique, et Lavoisier oxygène (15).
   Leur toxicologie mérite une mention â part : Mithridate
est un exemple historique des connaissances qu'ils avaient
des poisons et de leurs antidotes. Horace fait une effrayante
peinture de la science de Canidie dans les substances toxi-
ques des pays les plus éloignés (16) et de son habileté a
inventer de nouveaux poisons non usilalis potionibus. Que
si l'on refusait de croire a la poésie, voici l'histoire qui

   (15) « Les philosophes de l'école Ionienne avaient élé conduits à admet-
tre théoriquement qu'il existe dans l'air un esprit Tïvsûu.a , qui entre-
tient le feu et la respiration ; pendant des siècles on l'a cherché en
tâtonnant, tout le monde le connaît, cet esprit auquel la science a donné le
nom d'oxygène. II serait inutile de multiplier les exemples, il me suffit d'avoir
fait ressortir que les grandes vérités scientifiques ont été connues presque
de tous temps » (Ferd. Ilœfer. préface de Diodore de Sicile).
  (16)         Herbasque quas Iolcos atque Ibcria
           Mittit, venenorum ferax (Horat. Epod. od. 5).
   Horace appelle Canidie une terrible empoisonneuse Sœva venena. —
Hécate, au rapport de Diodorc de Sicile, 1. IV. c. 44, expérimentait la
puissance de chaque poison en le mélangeant aux aliments qu'elle donnait
aux étrangers. — Hécate, selon Apollonius de Rhodes, instruisit Médéc dans
l'art de préparer les poisons que produisent la terreetl'eftu. — « Plus tard,
écrit M. Hœfer, (préface de Diodorc de Sicile) Locuste répétales expériences
d'Hécate pour l'instruction de Néron        — J'incline à penser, dit-il, que
c'est sous forme d'extrait que la ciguë, l'aconit et d'autres plantes vénéneu-
ses ont servi à un si grand nombre d'empoisonnements et d'exécutions judi-
ciaires chez les Athéniens et les rois de Macédoine.— Il résulte de l'ouvrage
de Diodore et de VAlexipharmaque de Dioscoride (lisez Nicandre), que
presque tous les poisons connus des anciens étaient empruntés au règne
organique ; c'étaient à la fois les plus énergiques et les plus difficiles à
constater. »