page suivante »
ET DES MODERNES. 87 retourner en arrière ; ce serait faire fausse route: le progrès n'est pas de ce côté. Il n'est pas de plus dangereux conseiller que l'orgueil ; son langage perfide, ici comme toujours, fausse le cœur et l'es- prit ; cette condamnation en forme, prononcée avec tant d'assurance par les partisans fanatiques de la modernité (si je puis ainsi dire), ne peut s'expliquer ^que par leur propre aveuglement. Leur argumentation si tranchante n'est que spécieuse et ne peut soutenir le plus léger examen : il y a progrès partout où il y a des connaissances à acquérir ; en s'affranchissant des labeurs qu'exige l'étude sérieuse des temps anciens, ils se privent de grandes lumières et de vive et pas trop réglée ». Il trouve que le théâtre d'Euripide est sans art comme la plupart des comédies d'Aristophane qui n'ont ni nœud ni dénoue- ment; pour l'Alceste d'Euripide il n'a point assez de blâme: « Il fallait que les Grecs fussent encore bien barbares pour trouver cela beau ». (Remarques sur le théâtre grée). Dans la théorie qu'il s'était faite de l'Egloguc, il formu- le une critique amère de la plupart des poésies de Théocrilc, et termine par ces paroles : « Quand on dit que les Grâces et les Amours ont composé les Idylles de Théocrite, je ne crois pas qu'on prétende qu'ils aient mis la main à ces endroits là ». (Discours sur l'Eglogue). C'est ce dénigrement systéma- tique qui exaspérait Boileau, et qui lui a inspiré cette épigramme où Apollon en courroux s'écrie : Où peut-on avoir dit une telle infamie ? Est-ce chez les Hurons, chez les Topinambous ? — C'est à Paris. — C'est donc dans l'Hôpital des fous ? — Non, c'est au Louvre, en pleine académie. De nos jours, Boilcau trouverait une ample moisson pour sa verve saty- rique ; car Fontenelle a eu de nombreux imitateurs. Qui ne se rappelle la querelle des classiques et des romantiques ? que d'étrangetés nous aurions à reproduire s'il y avait lieu de les citer ! La phrase suivante est l'expression des lendenccs actuelles de certains esprils : « Je connais des gens qui pro- fessent non seulement de l'indifférence, mais encore du mépris pour tout ce qui regarde le passé ». Saint-Olive. (Bellin, compte-rendu, des trav, de ta Soc. lilt. de Lyon pour 1858-59).