Revue du Lyonnais » série 2 - n°21 ( 1860 ) » pp.074

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 tinguaient sa manière. Le dernier de ses portraits est, croyons-
 nous, celui de M. Meynier, membre de la Chambre de com-
 merce.
    M. Bonnefond sentait bien lui-même qu'il abandonnait le
 souci de sa propre gloire en se vouant aux préoccupations
 exclusives de l'enseignement, et il exprimait fréquemment, dans
 ses conversations intimes, le regret de n'avoir pas continué à
 suivre la route dans laquelle il avait marché. Il disait familière-
ment : Il est douloureux, quand on sent du fil sur son peloton,
 de ne pouvoir le dévider !
    Son nom, sans doute, en eût été accru, mais nous n'aurions
pas alors à constater les progrès que l'Ecole de Lyon doit à son
influence. Sa modestie s'est accommodée, pendant sa vie, de la
 situation qu'il a voulu se faire : le jour de la justice est venu
pour lui, et justice lui sera rendue avec d'autant plus d'empres-
sement, que ces services ont été plus grands, plus importants
pour Lyon, quoique moins 'récompensés par l'acclamation pu-
blique.
    En parlant ainsi, nous ne songeons d'ailleurs qu'à comparer
M. Bonnefond avec ce qu'il aurait pu être en se donnant exclu-
sivement à l'art pratique, mais si nous faisions complètement
abstraction des années passées dans le professorat, pour nous en
tenir aux œuvres produites en 1828, 29 et 30 ; si nous avions à
juger l'auteur de l'Eau sainte dans l'église grecque à Borne,
comme s'il fût mort en 1830, nous lui attribuerions un rang
 des plus honorables dans l'école française.
    M. Bonnefond était, à la fois, sobre et abondant ; il possédait
un coloris d'une grande richesse et en même temps, il demeu-
rait fidèle au culte de la ligne et, voyez le miracle ! il réussis-
sait à rehausser de couleurs vraies, des figures aux contours
exacts. N'est-ce pas merveilleux, aujourd'hui surtout que les
deux genres de perfection ne semblent pas pouvoir marcher
 unis ?
    En dehors de l'exécution matérielle qui, chez lui, était irré-
prochable, l'idée qui présidait à ses compositions, ne manquait
 ni de grâce, ni de naïveté, ni surtout de vérité. Son chef-d'œuvre