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70 LETTRE AU SUJET DES ARMOIRIES. Cependant un inconvénient subsiste toujours dans une parti- tion, et rien n'est concilié : l'ancien chef de France est maintenu, et c'est précisément lui qui soulève des susceptibilités politiques que nous n'avons pas à apprécier. M. Morel de Voleine pense que le chef de France n'est pas pour Lyon le résultat d'une concession royale, comme cela est arrivé à d'autres villes ; ce titre n'est mentionné nulle part, et on n'a jamais rien trouvé qui y ressemble. Ce chef lui semble une transformation toute naturelle des fleurs de lis qui accompa- gnaient le sceau des bourgeois devenu un blason régulier et une espèce de titre de noblesse donné à la ville, par le fait du pou- voir fort étendu des conseillers de ville. Ce pouvoir était un résultat, non de l'agrément du pouvoir royal, ni d'une investi- ture donnée par autorité supérieure, mais seulement d'une élec- tion populaire dont la force ne fut restreinte que plus tard. Cette opinion a beaucoup de valeur, honore la cité et impli- que le maintien quand même du chef cousu de France. Seulement les bourgeois, en choisissant les armes d'un Etat puissant comme la couronne de France, pour l'emblème de leur affranchissement me paraissent s'être plutôt rangés sous un pro- tectorat qu'avoir fait absolument acte d'indépendance. Au reste, ces légères divergences d'opinions prouvent encore une fois combien les faits historiques peuvent avoir d'influence dans le chef des armoiries de ville, et qu'il y a des nuances si difficiles à saisir qu'on peut rester longtemps dans le domaine des suppositions. J'ai cherché dans mon Essai sur les armoiries de notre cité à tracer la filiation complète de cet emblème placé par toutes les villes importantes sur ses bannières, ses monuments, ses mon- naies, ses médailles ou ses actes d'autorité ; je ne me suis pas fait faute de répéter et blasonner à chaque transformation ; j'ai supposé constamment que je m'adressais à des personnes peu versées dans l'étude du blason, afin de pouvoir dresser un guide où l'on trouve ces détails qu'omettent de plus savants que moi, lorsqu'ils abordent les points obscurs de l'histoire. J'aurais pu aller plus loin à chaque recherche, m'étendre sur