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38                         VOYAGES.

du Brésil, y a habile son palais, y a fondé, sous ses auspices,
une Académie des beaux-arts et, outre les larges bénéfices
que lui procuraient sans doute ses travaux, « y avait des
« laquais noirs et blancs ainsi que des chevaux blancs et
« noirs toujours à ses ordres, » pour me servir des expres-
sions de Mmc E. d'Oilly, auteur d'une récente notice sur lui.
    Mais ce luxueux bien-être ne pouvait lui suffire longtemps.
La baie de Rio, si remarquable par les rocs escarpés qui
l'entourent et le calme azuré de ses eaux, ne le distrayait pas
de son but principal. Celaient les régions inconnues du
Nouveau-Monde qu'il voulait connaître. Aussi était-il, six
mois après, dans les solitudes brésiliennes d'Espirito Sanlo,
au milieu de ces forêts vierges dont les phénomènes de végé-
tation se perpétuent sans qu'on puisse en déterminer les
causes réelles. El ce n'était pas seulement avec le bâton du
pèlerin à la main, qu'il y protégeait sa marche; c'était à la
manière des naturels du pays, c'est-à-dire, à demi-nu, un
fusil en bandouillère, vivant de pêche et de chasse, se défen-
dant souvent conire les sauvages, le revolver au poing ; se
préservant h grand peine des tigres, des jaguards, des ser-
pents, et assailli d'insectes plus ou moins venimeux qui le
couvraient de leurs piqûres, car il n'y a là, dit-il, aucun
 élément de civilisation ni moyen de vie matérielle possibles,
 en dehors de la lutte et de l'imprévu. Les forêts qui avoisi-
 nent le Rio Saguassû, sont des fourrés inextricables, des
 mornes qu'il faut gravir en se frayant un passage à coups de
 sabre, pour atteindre aux ravins marécageux. Leurs végéta-
 tions gigantesques débordent de telle manière sur les riviè-
 res, qu'on n'en peut apercevoir les bords et que, parfois
 même, d'immenses cocotiers ou mangliers se rejoignent par
 leurs cimes comme pour servir de ponts suspendus aux singes
 des deux rives opposées.
     A l'aspect d'une telle nature, le voyageur se croit trans-