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22                  ARQUEBUSIERS DE LYON.

   Nous ne pouvions qu'être satisfait des politesses de ces mes-
sieurs ; mais nous le fûmes singulièrement de la magnificence
et de l'air martial de chaque compagnie, dans leurs superbes
marches. Tous messieurs les officiers, en se conformant à
l'uniforme de leurs compagnies, pour la couleur des étoffes,
se sont distingués de plusieurs manières : les uns par des ha-
bits entièrement galonnés en or, d'autres par de riches étoffes
de soie à fleurs ou de vestes brochées en or et en argent, nuan-
cées d'éclatantes couleurs, et tous par les bords de chapeaux
d'un riche point d'Espagne. Aussi, toutes ces compagnies ont
mérité avec justice les applaudissemens du public.

   IV. Comme nous allions voir tirer auxpas, nous en fûmes
détourné par l'arrivée de Monseigneur le Cardinal d'Auver-
gne au camp. Dès que S. E. se présenta, toutes les compa-
gnies bordèrent la haie, à droite et à gauche, les étendarts à
leur teste, tous les tambours ballant aux champs; il fut salué
par tous les étendards et par tous les chevaliers avec l'épée,
et fut s'asseoir dans un fauteuil, dans la grande salle d'assem-
blée, avec M. le Commandant. Sur le désir que témoigna S. E.
de voir tirer, deux chevaliers de la compagnie de Lyon en-
trèrent dans les deux pas, et firent en sa présence chacun un
coup de noir. Monseigneur le Cardinal se promena ensuite
par tout le camp, appuyé sur le bras de M. le Commandant, et,
à son départ, on lui rendit les mêmes honneurs qu'à son en-
 trée. On continua à tirer incessamment, et les fréquentes cha-
 mades des tambours annonçoient qu'il y avoit eu beaucoup
 de coups de noir.
    Notre curiosité nous pressa d'aller admirer la place de Louis-
 le-Grand, et tous les préparatifs qui dévoient augmenter les
 plaisirs de cette célèbre feste. Déjà cette place, qui n'étoit au-
 trefois qu'un terrain vaste, champêtre et négligé, est méta-
 morphosée en beau surprenant, qui fait présentement l'admi-