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VLéctolùftu. 0 LE DOCTEUR MONT AIN, • ANCIEN CHIRURGIEN EN CHEF DE LA CHARITÉ. Le 17 juin 1853, après une douloureuse maladie, le docteur Gilbert Alphonse MONTAIS rendait à Lyon le dernier soupir, à l'âge de 74 ans, et, le 20, ses confrères et ses amis accompagnaient en grand nombre sa dé- pouille mortelle au cimetière de Lovasse. Ancien chirurgien en chef de la Charité, professeur à l'Ecole de médecine, membre des Sociétés de médecine et d'agriculture, administrateur du Dépôt de Mendicité, Gilbert Montain laisse un grand vide dans les administrations et les corps savants auxquels il a appartenu. Praticien judicieux et éclairé, il eut des droits à l'estime de ses collègues -, homme 9a monde, à l'amitié de tous ceux qui ont vécu dans son intimité. La Société d'Agriculture sait quelle ardeur il apportait dans les travaux et les expériences à l'ordre du jour. C'était un cœur d'enfant, un esprit charmant, un causeur aimable et spiri- tuel. Il parlait sur toutes choses et il en parlait en homme instruit avec les savants et en homme d'esprit avec les gens du monde. On l'écoutait tou- jours avec intérêt, car il y avait toujours quelque chose à gagner dans ses entretiens. Le docteur Montain publia en 1813, un Traité de ta cataracte, et, en 1837, des Mélanges de thérapeutique médico-chirugicale. Il s'était fait, ces dernières années, l'antagoniste du tabac et il écrivit, dans cette Revue même , un mémoire intitulé : Quelques considérations sur le tabac, de son abus , de son. influence sur la santé et les fonctions de la vie, spé- cialement sur les facultés intellectuelles , surtout chez les jeunes gens (1). C'était une véritable déclaration de guerre. Il reproduisit cette brochure sous différents formats , il y mit des vignettes et la répandit de son mieux. Mais hélas ! comme le soleil de Lefranc de Pompignan à propos de Jean- Baptiste Rousseau , le tabac continue sa marche triomphale, Et répand des flots de FUMÉE Sur ses obscurs blasphémateurs. Cela nous valut en réponse un spirituel mémoire d'Hippolyte Leymarie, in- titulé : Considérations sur la pipe, (2) où il défendait la nicotiane contre les attaques du docteur Montain, 'avec cet esprit et cette érudition de bon goût qu'il avait toujours au service de sa plume. La modestie et l'affabilité du docteur Montain relevaient encore son savoir et ses connaissances. Son obligeance était aussi grande que son cœur était bon et dévoué. Jamais on ne s'adressait à lui en vain. Aussi Gilbert Montain élevait-il son art à la hauteur d'un véritable sacerdoce. Il fut le mé- decin des pauvres , et son dévouement n'eut d'égal que son désintéresse- ment. Mais , hélas ! cette vie laborieuse, partagée entre l'étude et les de- voirs impérieux de la plus pénible et de la plus noble des professions, ne devait pas avoir ici-bas sa juste récompense, le calme'et le repos dus à tant de labeurs. Insoucieux de l'avenir comme l'artiste dont il avait l'active ima- gination , dépourvu de cet esprit d'ordre et de conduite, Gilbert Montain ne sut ni conserver ni acquérir. On peut dire de lui qu'il ne sut que se faire aimer. Tout Lyon connaît l'admirable trait par lequel il sauva son frère com- promis dans les troubles politiques de 1815. Nous n'avons donc qu'à le rappeller ici, présent qu'il est dans toutes les mémoires. Voici en quels termes un de ses disciples et de ses collègues, M. le doc- \1) fte-ï«e du Lyonnais,. 1T« série, tome XU, p. 2TS. [2) Revue du Lyonnais, \*° série, tome XII, p. 460