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508          UNE VISITE AU TOMBEAU DE JACQUARD.
      Sa gloire d'un rayon en sera-t-ellc accrue ?
      Non, le métier qui bat au coin de cette rue,
      Voilà le vrai rhapsode, et, seul, il en dit plus
      Que ne feront jamais tous les chants de nos luths.


      Ah ! ce qu'il te faudrait, ce n'est pas un poète,
      Ni l'encens de mes vers ; c'est tout un peuple en fête,
      Libre et sage, à longs flots sur ces bords répandu,
      T'offrant, par un beau jour, l'hommage qui t'est dû.
      Quel spectacle ! le peuple uni dans un seul culte :
      L'aurore à son ivresse, à son joyeux tumulte,
      Prêtant, comme aujourd'hui, son or et son carmin;
      Les mais enrubannés jalonnant le chemin ;
      Au premier rang, le chœur des enfants des écoles,
      Puis, les corps de métiers; partout des banderolles,
      Les palmes, les arceaux de verdure et les chants !
      Voici les magistrats ! le tambour bat aux champs :
      Mêlons-nous au cortège, allons, suivons la foule,
      Sous nos pieuses mains que le chariot roule ;
      Il porte de Jacquard le buste vénère ;
      C'est bien lui ; sur son front brille un rayon sacré.
      La profondeur s'y montre à la candeur unie ; •
      Venez, touchons aussi l'enfant de son génie,
      Son métier, son chef-d'œuvre, à pas lents promené;
      D'olives et d'épis comme ils l'ont couronné !
      Comme autour des rameaux et des branches fleuries
      Ils ont su dérouler tout l'éclat des soieries,
      Assortir les couleurs et grouper avec art
      La moire, le satin et l'émail du brocart :
      Ici, de clairs tissus, des écharpes, des voiles ;
      Là, de sombres velours étincelants d'étoiles,
      Où l'agile navette, émule du burin,
      Dans la pourpre et l'azur a ciselé l'or fin.
      Aux acclamations qui montent du rivage,
      Tout répond : le grand fleuve et sa dune sauvage,