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266 POÉSIE.
Sa chair est en lambeaux sur l'arène poudreuse ;
Le cœur osseux du fruit est resté seul à nu.
Privé de vos regards mon cœur en vain s'agite ;
Je donne et je reçois sans charme, sans plaisir ;
Comme le messager qui d'un devoir s'acquitte,
Je marche tristement et ne veux que vieillir.
Que longues sont mes nuits ! que mes chants sont funèbres,
Depuis que votre absence a trompé mon amour !
Que de fois en voyant s'éloigner les ténèbres :
0 Saïd, ai-je dit, m'annonces-tu le jour?
0 Mustapha, mon ame en cet instant s'anime.'
Ce jour me verra-t-il te presser sur mon cœur ?
Hussein, reviendras-tu ? Le retard est un crime
Quand l'absence produit si cruelle douleur.
Un jour un sort plus doux nous verra-t-il ensemble ?
Après tant de tourments serons-nous réunis ?
Pour m'élancer vers vous mon pauvre cœur qui tremble
Retrouverait bientôt des membres rajeunis.
0 mes frères, ô vous qui portez dans vos veines
Le sang de mes parents, vous que j'aime comme eux,
Ne courbez pas le front sous le poids de vos peines ;
Ainsi que nos héros montrez-vous courageux !
Si la fortune vient, répandez ses largesses ;
Si vous la voyez fuir ayez un front serein.
Que le Ciel, Ã ma voix, vous comble de richesses ;
Que toutes ses faveurs tombent dans votre sein.
Que Dieu donne à vos champs la pluie et la rosée,
Que vos troupeaux soient gras et que votre or soit pur ;
11 est encore un bien que chérit ma pensée,
Dieu surtout vous le donne, et c'est un ami sûr.
A. V.