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                    BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                  347

TEMPS PERDU, essai poétique d'un Canut, par PERRIN
 fils aîné, tisseur à Lyon. FALAISE, JULLIEN , 1852 in-12.

   Nous signalons à nos lecteurs un nouveau et modeste vo-
lume sorti de la plume d'un ouvrier en soie de notre ville et
recommandable par un sentiment poétique élevé, par la fraî-
cheur des idées , et surtout par une morale douce et pu-
re qui n'emprunte rien aux brûlantes agitations du jour.
L'Etoile de Falaise, qui s'ocrupe beaucoup de poésie, a ou-
vert ses colonnes aux compositions de notre jeune compa-
triote, et celui-ci a pu ainsi réunir à peu de frais ses vers en
un volume et jeter « un nom de plus à ces mers sans ri-
vage ». Nous espérons que ce nom ne fera pas naufrage et
qu'il surnagera tout à côté de ceux des Reboul et des Jasmin.
   Nous croyons pouvoir offrir les vers suivants à la critique
des esprits les plus sévères et les plus délicats :
    Parfois, pauvre et pensif, quand glisse ma navette,
    Je rends grâces aux cieux de m'avoir fait poète,
    D'avoir, comme un clavier harmonisé mon cœur,
    Pour qu'au moindre contact aussitôt il réponde,
    Et sous la main de Dieu, tressaille dans ce monde
                   De joie ou de douleur.

   Le ehamp de la science est un terrain fertile ;
   Mais bien souvent, hélas! la récolte est stérile
   Faute d'avoir mûri sous un soleil d'été,
   Trop heureux de glaner quand un autre moissonne ,
   Ami, je ne crains pas d'avoir sous, ma couronne
                  Le front ensanglanté.

   Quand ma muse plaintive isolément murmure
   Comme un petit oaillou qu'entraîne l'onde pure r
   Comme un faible rameau sous l'orage plié,
   Qu'importe que mon ciel se voile ou se colore ;              ]
   Comme elle je serai, quand reviendra l'aurore,
                  Un vain songe oublié.

   A trente ans ignorant,, je ne veux rien apprendre ;
   La manne du savoir sur moi ne peut descendre
   L'air qu'on respire au ciel souffle t-it ici bas?
   Apprendre, il n'est plus temps... sous la voûte éternelle
   J'envie et suis des yeux la rapide hirondelle,
                   Son vol ne s'apprend pas.