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84 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. D'où vient qu'à son tour ce bois se lamente, Comme s'il cachait un cœur tout meurtri. Compagnon d'exil, tu pleures peut-être La colline heureuse où nous sommes nés, Toi, bel arbre, et moi, pauvre enfant champêtre, Aux mêmes douleurs tous deux condamnés. M. Joseph Autran affectionne l'alexandrin. Son vers a de l'ampleur et du nombre, et sa pensée, de l'élévation. Il est aujourd'hui arrivé à l'apogée de son talent, et il a conquis sa place parmi le petit nombre des poètes contemporains dont la foule a retenu le nom. il appartenait à notre moderne Phocée de produire le poète de la mer, comme à Toulon d'avoir, en Charles Poney, le poète du chantier et du travail. Ces organisations bien dis- tinctes peuvent, dans leur origine et leur sol, trouver leur explication et leur raison d'être. Ce sont deux voies amies qui, pour avoir des accents différents, n'en sont pas moins les enfants privilégiés de la Muse. Laissez-moi clore ces quelques lignes par une des pièces qui résument le mieux le talent élevé et gracieux de {'auteur des Poèmes de la mer. Léon BOITEL. LA MER ET LE CIEL. Regarde cette mer : pourquoi, bleue et limpide, Étend-elle partout ses lumineux réseaux ? A sa face pourquoi nulle ombre, nulle ride? C'est qu'un ciel calme et pur brille au-dessus des eaux. Entre le ciel sans bords et la mer sans limite, Un accord, un reflet règne éternellement. D'heure eu heure, la mer, miroir fidèle, imite Chaque mouvant tableau qui passe au firmament.