Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                   ÉTUDE SUH BLAISE PASCAL.                   379
qu'on puisse trouver ; l'ordre et le fondement d'une science
donnés, tout le reste suit. Ce sont de véritables méthodes; une
méthode ne consiste que dans ces deux choses, et l'on sait
la place que tiennent les méthodes dans l'esprit humain. C'est
une méthode qui égara la philosophie au moyen âge, c'est une
méthode qui la redressa dans les temps modernes, c'est une
méthode qui arrêta les sciences exactes jusqu'à Bacon et Galilée,
c'est une méthode qui depuis eux les fit marcher, et si l'on
voulait rattacher l'industrie, le commerce et l'agriculture aux
sciences, dont en effet elles dépendent, et les sciences à leur
tour avec les lettres, les arts, la politique à la philosophie qui
eut sur elles toutes une influence si visible, on arriverait à
conclure que l'histoire des méthodes est celle de la civilisation
même. Ces deux lois ont-elles maintenant autant de vérité que
d'Importance? Autre question que je ne prétends point juger.
Je constate seulement comme un fait grave en leur faveur
qu'elles sont également recommandées et suivies par le penseur
religieux du XVIIe siècle et par les philosophes rationalistes
du XIX«.
    Pascal, dans ces deux idées, donne le fondement et l'ordre de
 la philosophie, de la science individuelle, dans le principe de la
perfectibilité la loi de l'espèce, dans sa comparaison des anciens
et des modernes il avait assigné la place de l'autorité et réglé
 un des deux critériums de la vérité ; car il n'y en a que deux,
l'autorité et l'évidence. Sur la vue de ces quatre idées, je me
crois autorisé à ranger Pascal, non plus seulement parmi les
 apologistes les plus solides du Christianisme, mais au nombre
des philosophes ; ces titres valent bien tant de systèmes incom-
plets ou absurdes que le premier vent a jetés par terre, et dont
les débris embarrassent la science.
   Je veux montrer enfin une dernière face de Pascal, celle du
publiciste, mais par un trait seulement, par une simple phrase
où Pascal, suivant son habitude, a posé le fondement d'une
science, le principe du droit public. Tous les publicistes ont
fait de la prescription la base des possessions publiques et pri-
vées, de la fortune des particuliers comme du territoire des em-