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• 212 DE LA FOLIE. entière de tous les actes intelligentiels jusqu'à leur éclipse partielle, tantôt l'un, tantôt l'autre : ou l'attention, ou la mémoire, ou le jugement. « Le livre de Pinel, bien étudié, serait, dit-il, une « mine de matériaux pour le philosophe. « Il en serait une aussi pour le moraliste ; c'est là que pa- « raît bien cette vérité si grande et si peu connue que l'es- « prit a ses maladies comme le corps ; qu'il a besoin , tout « autant que le corps, de précautions, de soin, de régime, « et que sa sanlè n'est pas moins fragile. » II. Mais ce que Pinel n'avait, si l'on peut ainsi dire , qu'é- bauché dans ses grandes lignes, un autre devait le dessiner et le parfaire dans ses plus minutieux contours. Ce conti- nuateur fut Esquirol. Esquirol a d'abord complété et perfectionné la classifi- cation de Pinel. Pinel n'avait indiqué que les couleurs des phénomènes, Esquirol en a déterminé les nuances. Il « fait « des quatre espèces établies par Pinel, quatre genres : L'Idio- « tie (l'idiotisme de Pinel), la Démence, la Monomanie (la « mélancolie de Pinel), la Manie ; et chacun de ces genres a « ses espèces : « L'Idiotie et l'Imbécillité sont deux espèces du genre « Idiotie. » L'idiot et l'imbécile, confondus dans la môme classification par Pinel, sont tous deux privés, il est vrai, de l'intelligence ; mais l'imbécile parle, et l'idiot ne parle pas ; et Esquirol, avec sa haute raison, les dislingue au moyen de ce premier et de ce plus grand signe de l'intelligence, la parole ! Ces deux étals, selon lui, se tranchent nettement d'avec tous les autres états de la folie, par leur caractère originel et