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w SOUVENIRS DES ALPES. 481 réchauffe ses sens glacés, ranime son courage ; il s'oriente de son mieux ; à défaut de chemih tracé , la cloche le dirige, et il arrive souvent au moment où son épuisement lui laisse à peine la force de remercier ses libérateurs. « Il serait difficile de calculer tous les services de ce genre, rendus par les bons habitants de ces hospices, qui, pour sou- lager l'humanité souffrante, se condamnent à vivre dans la région des frimats et des tempêtes , sur un sol ingrat, désert, et séquestrés, en quelque sorte , de la société des hommes. N'ont-ils pas droit à des gages multipliés de la reconnaissance publique ? Eh bien ! j'ai su de ces malheureux mômes que l'impôt surchargeait, écrasait leurs champs stériles , sillonnés par les torrents, par les avalanches , et qu'il leur fallait acheter bien cher la permission de sauver la vie à leurs sem- blables ! « Il est digne du Gouvernement actuel de jelter un regard sur ces infortunés : il conviendrait même que les voyageurs, les militaires qui ont essuyé la tourmente , trouvassent au moins dans l'hospice une nourriture saine , du vin , de l'eau- de-vie pour ranimer leurs forces : aujourd'hui ils ne trouvent qu'une cabane, un feu fait souvent avec.de la bouse de vache, du pain noir, à moins qu'ils ne fassent des sacrifices d'argent auxquels la plupart des voyageurs ne peuvent point at- teindre. » Le col du Lautaret servait autrefois de limite entre le Briançonnais et le Graisivaudan , qui comprenait le mande- ment d'Oysans , composé de deux châtellenies, celle d'Oysans et celle de Villar d'Arènes. Ce fut à la révolution , lors de la division de la province de Dauphiné en trois départements , que le canton de la Grave se réunit au district de Briançon pour jouir des privilèges et des franchises de cette subdéléga- tion ; mais l'Assemblée constituante , en ayant fait un droit commun à toute la France , ces avantages relatifs devinrent 31