page suivante »
^ 374 ÉTUDE SUR BLA1SE l'ASCAL, IV- Les Pensées, outre le mérite du style, en ont un autre, et plus important, qui doit être apprécié à part, celui des idées. Loin que le décousu et la négligence avec lesquels elles sont écrites, nuisent à leur effet, ils le rendent encore plus frappant. Quand le lecteur tombe pour la première fois au milieu de ce chaos, il s'étonne du nombre infini des objets qui passent sous ses yeux, et de tant de qualités contraires qui se révèlent : au- dace et prudence, logique et finesse, rectitude et grandeur. Plu- sieurs hommes pour ainsi dire lui apparaissent à la fois, un philosophe, un savant, un moraliste, un littérateur, un politique; mais cette variété même l'embarrasse, il a peine à se rendre compte du dessin des Pensées. Eclairé toutefois par le biographe de Pascal, il cherche à re- trouver cette démonstration du christianisme dont une partie des Pensées est l'ébauche ; il place au commencement les pages morales et philosophiques qui sont la préface de l'oeuvre, il rap- proche ensuite les pages religieuses qui en sont la conclusion , et les dispose suivant l'ordre indiqué par les transitions, ou la nature des sujets, et parvient à reconnaître les grandes lignes du plan primitif. L,e reste ne pouvant être rapporté à ce plan, ni à aucun antre, i\ essaie de le classer suivant les matières qui y sont traitées, oul'esprit qui l'anime, et, squmettant même pour un moment tout l'ouvrage à cette classification, d'apprécier ainsi, au moyen de ces fragments encyclopédiques, non seule- ment le livre de Pascal, mais, son intelligence, avec toutes les directions qu'il a prises, et toutes les influences qu'elle a subies. Le plan des Pensées était celui-ci: faire d'abord connaître à l'homme sa nature et sa position dans l'univers, lui montrer qu'elle est: ,un mystère