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476 SOUVENIRS DES ALPES.
pitaine de la garnison, et de la Chapelle, lieutenant d'Aquin,
auecque deux cens hommes de pied y et trente cheuaux se
rend au Moneslier, où commandoient le Bousquet et Jour-
dan du Mont-de-Lans. Ceux du village s'eslant joints à luy,
ils inuestissent le fort, où les échelles et les échaffauts des
maçons esloient encore. Vne partie monte sur le couuert
de l'église, et l'autre demeure en bas ; sans que ceux de de-
dans les eussent oûys , s'asseurant sur la sentinelle qu'ils
estoient au clocher, et qui ne veillant pas fort soigneusement,
croyoit que c'estoient les maçons qui venoient à la besogne.
Toutefois le grand nombre luy estant suspect, il voulut don-
ner l'alarme ; mais en mesme temps, on lui couppe la gorge.
Ceux de l'église éueilléz au bruit que l'on commençoit Ã
faire, et voulant aller aux surprenans par la porte du clocher,
trouuent que Pural, l'vn des habitans, auoit gagné, par vne
fenestre, le haut des degrez ; et foîsait rouler de gros quar-
tiers de pierre , qui en assommoient plusieurs, et empes-
choient les autres de monter. En mesme temps, ceux qui
estoient dessus le couuert, en ayant leué les planches ; et
jette dans l'église du bois flambant, et de la paille allumée,
pour étouffer, disoient-ils, ces Renards huguenots, qui man-
geoienl leurs poules, les réduisent à un tel désespoir, que
ne pouuant sortir , ils mettent le feu ù quelques caques de
poudre , retirées sous le clocher, qui en estant enleué, acca-
bla vne partie des assaillans, aussi bien que des autres-, et
leur fit beaucoup de dommage , nonobstant quoy Claueson
se rend maître du surplus ; emmené les capitaines et quel-
ques soldats prisonniers, et laisse aux habitans à acheuer la
démolition du fort. »
Au mois de novembre de l'année suivante , Maugiron , fils
du lieutenant-général de la province, ayant succédé a son
père qui venait de mourir , résolut de se venger des courses
que Lesdiguières avait faites jusqu'aux portes de Grenoble. 11