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                         DE LA FOLIE.                       223

mènes de la vie et de la locomotion simples associés au phé-
nomène de l'aliénation et môme de l'idiotisme, ont eu égale-
ment le mérite de bouleversée la théorie phrénologique de
Gall jusque dans ses fondements. M. Flourens est donc, à
proprement parler, le seul qui ait bien déterminé le siège
véritable de la folie.
                              IV.

    Enfin, venu après tous les autres, enrichi de toutes leurs
 découvertes, doué d'un esprit juste et droit, quoiqu'exagé-
 rément réactionnaire , Leuret s'est emparé de quelques idées
 générales de ses devanciers, et en a fait jaillir les lois per-
 fectionnées du traitement moral et du traitement intellectuel
 de l'insensé : traitement, du reste, qu'il a le tort de donner
 comme le seul remède efficace contre la folie, à l'exclusion de
 toute médication physique proprement dite. C'est, en effet,
 méconnaître les nécessaires corelations du physique et du
 moral ; il ne faut rien outrer.
    Leuret apprécie avec une grande délicatesse de juge-
 ment les faits passionnels dans leur succession avec accé-
 lération croissante, depuis l'habitude avec conscience du vice
 ou de l'erreur jusqu'à cette même habitude sans conscience
d'elle-même, qui constitue la folie propremenl dite.
    Il dit d'un aliéné : « Les mensonges, auxquels il s'était
 « habitué, avaient fini par le tromper lui-même. »
    C'est dans ces absorptions extrêmes de l'habitude volontaire
de l'erreur et du vice que je vois la folie, plutôt encore que,
selon l'opinion de Locke, dans la simple association vicieuse
des idées. Celte dernière opinion (n'en déplaise au trop cé-
lèbre idéologue anglais) me semble excédante, et ce qui est
pis encore , absolument insignifiante dans son application ,
puisque, confondant dans la pensée de son auteur l'acte isolé
avec l'habitude vicieuse , elle le pousse à faire, sans hésita-