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                      GÉRARD DE ROUSSILLON.                            19
erreur. Il est vrai qu'au déclin de la dynastie Rodolphienne, il
s'éleva dans le Viennois une famille puissante dont Roussillon
fut le principal manoir. Rien autre n'autorise la conjecture de
Chorier, et si le nom de Gérard se montre assez souvent dans la
généalogie des seigneurs de Roussillon en Dauphine, il faut en
conclure seulement que ces artifices de la vanité nobiliaire ne
sont pas d'invention moderne. Le Dauphine, la Provence, le
Bugey ont eu leurs châteaux de Roussillon, mais la tradition,
l'histoire et les romans s'accordent pour placer en Bourgogne
celui auquel le célèbre adversaire de Charles-le-Çhauve doit le
 surnom que la postérité lui a donné.
   Des chroniques disent que Gérard mourut dans la ville d'Avi-
gnon , dont il aurait conservé la possession ; d'autres assurent
qu'il termina ses jours au château de Roussillon. Toujours est-
il que c'est dans l'abbaye dePoultières ou Poutières, fondée par
lui au pied du Mont Lassois, sur les bords de la Seine, qu'il avait
fait préparer son tombeau et celui de sa femme. Ce monument,
d'une rare magnificence, eut beaucoup à souffrir de l'incendie
qui dévora le monastère vers le milieu du XIe siècle. Un évêque
de Langres, jaloux de l'immunité des moines, qui, d'après le
vœu de leur fondateur, relevaient immédiatement de Rome, ne
trouva pas d'autre moyen pour les réduire à son obédience que
démettre le feu à la ville et à.l'église. Toutefois les tables et les
colonnettes de marbre qu'avaient épargnées l'incendie et le temps
excitèrent encore l'admiration des deux voyageurs bénédictins
qui les visitèrent au commencement de l'autre siècle (1). Ils nous
ont conservé les épitaphes qui se lisaient sur les tombes de
Gérard ; de Berthe, et de leur fils Thierry. Nous ne rapporterons
pas les deux premières, qui sont modernes et qui fixent la mort
des deux fondateurs de Poutières à l'an 890, tandis qu'il paraît
certain que Gérard n'existait plus en 879. Il est appelé « comte
 de bonne mémoire » et « ci-devant comté » dans deux lettres de
 cette année, adressées par le pape Jean VIII, l'une aux religieux
 de Poutières, l'autre au comte Boson.

  (1) Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la Congrégation de
Saint-Maur. Paris, 1717 , in-4", p. 105.