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EXPOSITION DES AMIS CES ARTS. 67
capitale, comme si les autres, plus modestes, ne méritaient que
dédain et obscurité. Il n'est pas dans notre pensée de mettre en
parallèle l'exposition de la Société des Amis des Arts de Lyon
avec les Salons annuels de Paris; mais quoique l'élément idéal
n'y occupe d'ordinaire qu'une place assez restreinte, cependant
il n'en est pas, il n'en doit pas être tellement absent qu'on ne
puisse y ramener quelquefois l'attention et qu'on doive néces-
sairement s'abstenir de formuler les grandes règles, comme si
l'on avait à craindre de n'avoir pas à en préciser l'esprit ni à en
montrer les applications. Cela est si vrai, qu'il'y a Iieu| pour
nous d'y recourir à l'occasion de la première toile qu'il nous
faut examiner.
La Ronde de Mai, de M. Muller, est certainement une Å“uvre
de maître -, c'est bien là , par excellence , l'heureux épanouisse-
ment de la jeunesse et de la beauté au sein d'une riche nature,
c'est-à -dire le tableau qui doit le plus réjouir l'œil et lui don-
ner pour ainsi dire comme une fête continuelle; cependant,
malgré les conditions matérielles d'effet qui sont en lui, malgré
sa brillante couleur, malgré le charme infini qu'il contient et
qu'il répand , celui-ci ne satisfait pas complètement le specta-
teur; il lui manque quelque chose pour cela, et ce quelque
chose, on le sent à première vue, c'est ce sentiment intime qui
agit sur l'esprit ou sur le cœur, et nous rapproche plus ou
moins de l'idéal. Tous ces beaux jeunes gens, toutes ces belles-
filles ont beau s'agiter harmonieusement et avec l'entrain du
plaisir qui les domine, la grâce de leurs attitudes et la joie sin-
cère qui se peint sur leurs visages ne parviennent pas à nous
intéresser bien longtemps ; plus on les regarde, et plus l'agréa-
ble sensation que leur premier aspect avait fait naître va s'af-
faiblissant, sans que rien autre lui succède, comme il le fau-
drait. C'est qu'aussi il ne suffit pas, en peinture, des plus admi-
rables qualités d'exécution, pour tenir l'attention en haleine,
il faut, ce qui est plus rare et plus difficile à obtenir, intéresser
de quelque façon que ce soit ; sans cela, la sensation s'émousse
et l'attention distraite passe à d'autres objets. Cette réserve faite,
il convient de louer sans restriction l'heureux agencement des-