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UNE VISITE AU TOMBEAU DE JACQUARD. Les harceler sans cesse et yoir jaillir des mers Ton Utopie en fleurs au milieu des éclairs. Comprends donc mieux le monde et ses métamorphoses, Et la place assignée aux hommes comme aux choses ; Contre la forteresse et les maux du passé, Sache-le, ce métier, c'est un bélier dressé, C'est l'arme de la Paix, l'arme que rien ne brise ! Ah ! dans la rude guerre en ce siècle entreprise, Nul n'a mieux combattu, nul ne s'est mieux conduit Que ce pauvre ouvrier qui fit si peu de bruit. Près de Papin, de Watt et de Jenner il brille, Et sa place est marquée en leur grande famille, Auprès des noms fameux, des héros inventeurs Qui mirent dans nos mains les outils rédempteurs, Ces outils plus nombreux, plus parfaits d'âge en âge, L'un de l'autre engendrés par un secret lignage : La bêche, cultivant l'épi du premier jour, Et, quand naît le besoin d'un plus vaste labour, La charrue, aux confins des zones infertiles, Prolongeant le sillon qui nourrira les villes ; Le, fuseau primitif, ce métier du berger, Ebauche de celui que Jacquard vient changer, La hache, le compas, le levier et l'équerre, Ces outils par qui l'homme au monde fait la guerre, Et sans cesse en arrache, en un vaillant effort, Et la moelle et le sang qui le rendent plus fort. Et si l'homme travaille, invente, agit, calcule, Dans ses creusets brûlants s'il fond la molécule,, Si, d'un doigt curieux, dépeçant l'univers, 11 lit, comme un augure, en ses flancs entr'ouverts, Si, de la plaine au fleuve et des mers aux collines, On entend haleter le troupeau des machines, Si son verbe muet court sur un fil léger, Si l'invisible aimant devient son messager,