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       UNE VISITE AU TOMBEAU DE JACQUARD.                   509

Ses îles, ses remous ; et, contraste enchanteur,
Au couchant, ces jardins semés sur la hauteur,
Ce coteau, ces villas, ces ombrages, ces vignes,
Et la Saône ondoyante aux gracieuses lignes ;
Même, au fond de la grotte où Jean-Jacque a dormi,
Ecoutez : l'oiseau chante et le lierre a frémi.


Ainsi, contemporain des futures années,
D'avance j'applaudis à ces Panathénées ;
Car, par elles, un jour, de leurs ancêtres morts
 Nos fils, moins oublieux, répareront les torts.
Brillantes, à travers la saulée où je rêve,
Je les vois, comme moi, côtoyer cette grève,
Cheminer pas à pas vers le funèbre enclos
Où Jacquard est couché dans l'éternel repos.
Là, dans les rangs pressés de ces tombes agrestes,
Je cherche l'humble croix qui protège ses restes.
Silence! c'est ici. Ce mûrier est le sien. ,
La palme est bien choisie et ce laurier va bien.
Silence ! Pour louer le bienfaiteur, le juste,
Quelqu'un se lève ; il prend place au pied de l'arbuste ;
Et la foule, à sa voix, est prompte à s'émouvoir.
Et d'abord il a dit, mère de tout savoir,
L'Inde antique où des arts se cache l'origine -,
Il dit l'écheveau d'or apporté de la Chine,
La Grèce s'en empare, et Lyon des Génois
Apprend à le tisser pour la première fois ;
Il dit notre industrie et sa débile enfance,
Tous nos rois attentifs à prendre sa défense ,
Chacun de leurs édits de sagesse rempli;
Les mûriers s'élevant à la voix de Sully,
Leur nombre, leur culture, et le mois où se cueille
Sous le ciel du midi leur résineuse feuille ;
Le ver naissant, sa mue et ses subtils travaux,
Lorsqu'il va . transpirant l'ambre de ses réseaux;