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500          LES FRÈRES DE SAINT-JEAN-BE-DIEU. -

de pierre et de métaux , on doit la fondation hospitalière de
SaintJean-de-Dieu, rue Gomelly, à Grenade.
   A l'époque de cette fondation , suivie plus tard de la for-
mation de l'Institut, celte pauvre Espagne avait perdu son
âge d'or. Isabelle la catholique, dès 1474, avait ouvert l'âge
d'airain et de fer. Le Code Siete parditas, où la loi déclarait
« que un chrétien devait faire l'aumône à son père héré-
« tique plutôt qu'à tout autre », ne s'exécutait plus devant
les dispositions malveillantes des pouvoirs publics qui ame-
nèrent bientôt cette pragmatique prescrivant aux Morisques
(ou Mores convertis), « d'ouvrir a tout venant les portes de
« leurs demeures, de déchirer les voiles de leurs femmes,
« pour qu'elles découvrissent à tous les regards leurs visages,
« el qui, pour changer leurs coutumes el apprendre une
« autre langue, leur accordait deux ou trois ans. »
  La persuasion évangélique d'abord , sous l'excellent Fer-
nando de Talavera , premier archevêque de Grenade, les
persécutions el la force plus tard amenèrent tous les Mores
au christianisme.
   Dès 1526, les signes de l'islamisme avaient disparu de toute
l'Espagne ; mais on se prit à demander l'expulsion de tous
ces prétendus convertis du territoire espagnol.
    Le pape Paul V résistait. Une fois de plus des paroles de
liberté tombèrent de la chaire de Saint Pierre. Le pontife
 n'autorisait que les conversions.
   Malgré celle autorité souveraine, le roi, pressé pour celte
expulsion , écrivit au duc de Lerme. — Grande résolution !
Exécutez-la, duc. — Aussitôt de tous les ports el par toutes
les frontières sortirent d'industrieux artisans ; de riches com-
merçants, de robustes laboureurs emportèrent avec eux leur
fortune, leur génie et leur industrie. Les fertiles villages des
royaumes d'Aragon et de Grenade se changèrent en déserts.