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SOUVENIRS DES ALPES. 483 sucré , et d'une digestion plus favorable que le pain frais. Les enfants de la montagne, qui allaient étudier autrefois à l'ancien collège d'Embrun , n'oubliaient pas de porter, avec leur mince bagage , leur pain pour six mois ; à Pâques ils retournaient à la maison paternelle pour chercher des pro- visions jusqu'en septembre. Un historien dauphinois, Aymar du Rivail (1495), nous apprend qu'il en a aussi mangé avec ses compagnons , lorsqu'il partait pour l'Italie (l). Avant 1789 on fabriquait, dans les quatre paroisses qui forment la commune de la Grave, des dentelles en fi), à la façon de celles de Flandre et du Puy-en-Velay. Elles étaient très-estimées pour leur solidité et leur bon usage ; mais la révolution porta un coup funeste à cette industrie , qui occu- pait ungrand nombre d'habitants, et qui maintenant a presque complètement disparu. Les antiquités , découvertes dans ce canton , ne sont pas nombreuses. On trouve encore, à l'Anvers, près du hameau des Hières, et sur la montagne de Paris , les traces d'un grand chemin traversant les prairies , lequel, sur celte montagne, est pavé en certains endroits de gros quartiers de rochers. La tradition locale affirme, comme nous l'avons déjà dit, que ce sont les restes de l'ancienne route de Grenoble à Briançon , la plus ancienne des Gaules en Italie, route que suivirent les légions romaines , et que les Sarrasins occupaient au moyen âge. On a découvert à la Grave , il y a quelques années, en construisant la caserne de la gendarmerie , les restes de plu- sieurs anciens tombeaux protégés par quelques ardoises; près du cadavre , réduit en poussière, étaient plusieurs anneaux de cuivre , qui servaient de bracelet ; on a aussi trouvé des (1) In superiori Oysenti parte bis tantum montani uno quoqvie anno panem ad esum ob lignorum pemwiam decoquunt, et toto anno is panis decoctus sine corrupliune serratur et saepe illac in Italiam proficiseendo ex hoc pane eomedimus.