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462                   SOUVENIRS DES ALPES.

 nés de noyers et d'arbres fruitiers; là est une petite chapelle où
l'image du Saint, protecteur de la vallée, est exposée à la vé-
 nération des montagnards. De l'autre côté de la rivière , au
 sommet de la montagne dont on est séparé par un précipice
 de plus de cent mètres, on aperçoit des chaumières construi-
 tes sur le flanc incliné de la vallée. A gauche, les laboureurs
ensemencent ou moissonnent; à droite, un troupeau de
moutons avance lentement en broutant l'herbe d'une belle
prairie. A quelque distance de là , une chèvre repose sur la
pointe d'un roc escarpé, el le berger contemple avec bonheur
le troupeau confié à sa garde.
    Au Freney, dont l'église apparaît sur la hauteur du milieu
des arbres qui l'entourent, le spectacle change complète-
ment. La route , qui était si élevée au-dessus de la rivière,
s'est abaissée et ne dépasse que de quelques mètres la surface
des eaux. La Romanche n'en est pas moins rapide, et les
nombreux blocs de rochers qui encombrent son lit attestent
encore son impétuosité. On la traverse sur un pont près
du Dauphin , et l'on s'avance dans celle gorge affreuse ap-
pelée la Combe de Malaval (mala vallis).
   Ici la scène change, et le tableau si riant, si animé, prend
tout à coup une leinle triste et sombre. Tous les signes d'une
vigoureuse végétation ont disparu; on ne traverse plus ces
terres fertiles el ornées d'arbres fruitiers ; les noyers sécu-
laires font place aux mélèzes, et, de quelque côté que la vue
se porte , elle ne rencontre que des montagnes arides et sté-
riles ; point de champs, point de terres labourables, partout
des rochers ; ce n'est plus la nature civilisée et soumise à
l'homme, c'est une nature brute et sauvage qui se présente
avec sa physionomie rude et sévère. Sur ces montagnes cou-
ronnées de neiges éternelles,sont des glaciers, d'où s'échap-
pent des torrents qui forment d'imposantes cascades ; à cha-
que pas on voit des quartiers énormes de rochers qu'un tor-