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420 LETTRE DE M, AUGUSTE BERNARD. désastre, les habitants et les religieux ne sachant que devenir, étaient plongés dans la douleur, en face des ruines de leurs mai- sons, lorsque quelqu'un proposa de promener les reliques du bienheureux dans les pays voisins, en faisant un appel à la cha- rité publique. Ce conseil fut adopté et immédiatement exécuté. Le corps de saint Taurin fut d'abord porté à Cluny, abbaye cé- lèbre dont dépendait le prieuré de Gigny. Le trajet ne se fit pas sans danger, car il y avait loin alors d'un lieu à l'autre : on comptait seize bonnes lieues de pays. Le légendaire ne dit pas combien on mit de temps à faire ce voyage, mais il nous apprend qu'il fut très-fructueux. Nul ne se présenta devant le Saint les mains vides. De Cluny, le corps de saint Taurin fut apporté à Mà con [civitas Matiscus), où il fut reçu par toute la population. Le trajet fut sans doute accompli en un jour, car il n'y a que quatre lieues d'une ville à l'autre. De Mâcon on se rendit à Bà gé-le-Chà tet [ad Balgiacttm mobile castrum), à l'est de Mâcon et à deux lieues à peine de cette ville. II y avait alors à Bâgé-le-Chà tel un prieuré dépendant de l'ab- baye de Tournus. De Bâgé on vint à Chaveyriat [Cavariacus, écrit par erreur Canariacus dans la légende), qui n'en est éloigné que de six milles (quatre lieues), et où se trouvait un prieuré dépendant de Cluny. De Chaveyriat on vint à Neuville-Ies-Dames, ainsi nommé d'un prieuré de femmes dépendant de l'abbaye de Saint-Oyen, autrement dit Saint-Claude, qui s'y trouvait jadis. II n'y a guère qu'une lieue de distance d'un lieu à l'autre. De Neuville, le légendaire dit qu'on alla à Montnerthoud (Mows Berthaldi), qui est un doyenné situé sur la Saône, et de Mont- berthoudà Triverius fburgum quemdam novum, Triverium), et de Triverius à Lehennacus où les porteurs de reliques furent fort mal reçus, et de Lehennacus à Lyon, où la population les accueillit au contraire avec empressement, considérant l'arrivée du corps de saint Taurin comme une faveur du ciel dans le moment cri- tique où elle se trouvait. De Lyon, les reliques gagnèrent Monlluel (Mons Leolli), qui n'en est éloigné que de quatre lieues ; de Montluel, le Bourg-