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                             LETTRE
DE M. AUGUSTE BERNARD A M. ROGET DE BELLGGUET

                  SUR LE TRIVERIUS
           DE LA L É G E N D E DE       SAINT-TAURIN.



           MONSIEUR,
    Votre dernière lettre renfermait plusieurs questions histori-
 ques auxquelles j'ai répondu du mieux que j'ai pu ; mais il yen
a une que j'ai laissée sans solution : c'est celle relative à la lé-
gende de S. Taurin. « Si le burgum novum dont vous me par-
lez, dites-vous, n'est pas Trévoux, il faut trouver ce qu'il peut
 être, puisqu'on ne peut le rapporter à Saint-Trivier ; c'est
ce que vous devriez chercher en bon voisin de la Bresse. » Je
vais essayer de vous satisfaire. Cette question m'intéresse plus
que vous ne paraissez le croire, car le pays litigieux faisait
probablement partie du territoire de mes Ségusiaves; en tous cas,
il faisait partie du diocèse de Lyon, dont je m'occupe d'une ma-
nière toute spéciale en ce moment. En effet, comme vous le
verrez sur la carte jointe au Cartulaire de Savigny (1), le diocèse
de Lyon, formait une espèce de losange s'étendant de Morez (au
nord-est de Saint-Claude ) à Saint-Bonnet-le-Château (à l'ouest
de Saint-Étienne), et d'Ambierle (au nord-ouest de Roanne) à
Saint-Benoît de Tessieux (au midi de Belley).
   Je dois vous le dire tout d'abord, je diffère d'opinion d'avec
vous. Je sais que j'ai aussi contre moi MM. de Lateyssonnière,
Jolibois et Valentin-Smith ; mais j'ai pour habitude de ne consi-
dérer ni le nombre ni la force de mes adversaires, quand je crois
avoir raison. J'entre donc de suite en matière.
   La légende de saint Taurin rapporte qu'en l'an 1158 un
incendie détruisit entièrement la petite ville de Gigny et en par-
ticulier le monastère où étaient conservées les reliques de ce
saint, qu'on parvint toutefois à préserver des flammes. Après ce
  (1) Cette carte embrasse les trois diocèses entiers de Lyon, Mâcon et
Saint-Claude, et quelques parties des diocèses voisins.