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414                           L. BUTAVAND.

Dans ces moments suprêmes, on le vit rempli d'un courage
et d'une résignation bien rares. Jl se disait perdu aux amis
qui l'entouraient, et son cœur reconnaissant s'épanchait
encore en bénédictions sur celte terre qu'il allait quitter, dans
le sein de tous ceux qui le servaient.
   Qui saura combien il a été bon pour moi l disait-il , en
parlant du digne ecclésiastique, son ami. Et dans ses
louanges pour les frères : Si vous saviez quels soins ils ont
de moi ici !
   Dans la nuit , M. l'abbé revint auprès du malheureux
 artiste, qui reçut, dans le sentiment d'une profonde piété ,
les dernières consolations de la religion ; puis, après s'être
recueilli quelques instants , il demanda du papier et écrivit
un court testament, où on remarque ces mois qui en sont
le préambule : Ceci est mon testament, écrit sur mon lit de
mort.
   Il garda encore son entière connaissance jusqu'à trois
heures du matin. A cinq heures, il rendait son âme à Dieu ,
c'était le 27 janvier 1853.
   La perte de ce jeune artiste laisse de profonds regrets.
Ce cœur si aimant et si éprouvé devait avoir et avait en effet
des amis sincères ; ils lui ont été fidèles jusqu'à son dernier
soupir (t) et le seront toujours à sa mémoire. A ses derniers
moments, on les vit se presser autour de son lit funèbre et
chercher encore dans ses traits des espérances qui s'échap-
paient avec rapidité.
   M. l'abbé Marest assure n'avoir jamais vu une mort sem-
blable , sj calme, si exempte-de regrets, si ferme et si
brave.

   (1) Nous citerons MM. Alexandre etLodoix Monnier : le premier, qui se
trouvait à Paris, l'a assisté jusqu'à ses derniers moments, et a été l'exécu-
teur testamentaire de Butavand qui, né pauvre, est mort pauvre, mais d'une
manière bien honorable.