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L. BUTAVAND. ^15 Celte fin inopinée a été attribuée par les médecins à une perforation du canal intestinal qui se serait rétréci. Le malade avait ressenti souvent de ces accès soudains de dou- leurs violentes intestinales, qui lui arrachaient un cri perçant au moment même où il paraissait en pleine tranquillité. Enfin, les docteurs ont pensé que sa maladie , qui datait de dix ans, s'expliquait très-bien par cette cause. Si la mort ne l'avait si rapidement surpris, non seulement Butavand aurait terminé l'étonnant fac simile de la sainte Catherine qui reste inachevé et qui lui eût fait beaucoup d'honneur, mais il aurait aussi pu graver le tableau du Musée de Lyon, sous le n° 164 (le portrait de la maîtresse du Titien, peintre, par Paris Bordone, son élève) "(1) , dont il avait fait sous nos yeux , au mois d'octobre 1851 , une délicieuse copie dessinée. Depuis un an , Butavand avait été nommé examinateur des épreuves de dessin pour l'admission des candidats à l'École de Saint-Cyr. La perte bien inattendue de ce digne et religieux inter- prête des anciens maîtres de l'art a laissé de profonds regrets à Paris, à Lyon , partout où Butavand a eu des relations , et si ses talents et sa modestie» lui valurent l'estime des premiers artistes, nous pouvons ajouter que bien d'autres qualités personnelles le firent toujours rechercher dans le monde. M. Castan , curé de la paroisse de ***, à Paris , qui connaissait Butavand assez intimement, rend ce témoignage, qui fait honneur à la délicatesse de l'artiste et montre toute la considération morale dont il jouissait : il avait constam- (t) Les opinions sont partagées sur l'origine de cette gracieuse tête, dans laquelle d'autres voient la maîtresse même du Padouan, peinte par lui-même, C'était l'opinion de Butavand, qui ne la désignait jamais autrement.