page suivante »
402 L. BUTAVAND. jours de notre vie et en compte les mérites pour l'éternité : alors l'intérêt qu'inspirent ces hommes rares est décuplé, et s'ils ne fournissent pas une carrière brillante, irréprochable, on ne peut s'empêcher de leur tenir compte de leur courage et d'admirer en eux celte persévérance que rien n'a pu rebuter. Fixer l'attention sur d'aussi beaux exemples quand nous en sommes les témoins, c'est en préparer de nouveaux ; c'est exciter dans les cœurs la volonté de faire le bien. Heureux si, mû par cette pensée, en jetant quelques fleurs sur la tombe d'un artiste justement regretté, dont l'existence n'a été qu'une suite non interrompue de luttes pénibles, dont les qualités personnelles furent si méritantes, le cœur si excellent, l'âme si noble, qui fut, dans sa jeunesse, notre élève, et plus tard, notre ami ; heureux, disons-nous, si notre faible voix, sou- tenue par nos souvenirs affectueux, répond à nos intentions ; s'il en était autrement, nous espérons trouver une excuse dans le motif de haute estime qui a dicté cet écrit ; nous es- pérons surtout trouver sur nos pas l'indulgence de ceux de ses amis qui, de tous les points, se sont empressés de recueil- lir et de nous adresser, comme un tribut de leur sensibilité, comme un dernier devoir rendu à un artiste distingué et mal- heureux, des renseignemenls précieux qui occupent ici une large place (1). Certes, ces notes si obligeantes, si honorables pour nous, eussent pu tomber sous la rédaction d'une plume plus exercée; l'expression de l'hommage pieux en eût été sans doute plus digne, mais jamais plus profondément sentie. Butavand (Louis-Félix), dit Lucien, dont le séjour sur celte terre fut de trop courte durée, naquit à Vienne (Isère), le 7 (1) MM. Alexandre et Lodoix Monuier, honorables amateurs des beaux- arts , y ont mis un empressement religieux qui nous a touché et dont nous sommes heureux de leur témoigner ici notre reconnaissance. Nous devons encore citer MM. les peintres Dumas, Giraudon, Hénault, et M. le graveur Vibert.