Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                             L. BUTAVAND.                               403

janvier 1808. Le nom de Lucien qu'il reçut et garda, lui fut
probablement donné, parce que le jour de sa naissance, ainsi
que celui de son baptême, l'Église catholique honore deux
saints martyrs de ce nom (1).
    La famille de Butavand avait eu quelque aisance, et son
père était établi à Vienne a la tôle d'une fabrique de draps.
Sur la fin de l'Empire, au milieu de nos désastres, une réqui-
sition frappa les magasins du père de Butavand ; toutes les
 marchandises furent enlevées pour le service des armées , et
comme, dans ce désordre d'une administration chancelante,
ses titres au paiement ne purent pas être établis en temps ^
utile, toute cette modeste fortune disparut à la fois. L'édu-
 cation de Butavand se ressentit de ce funeste événement, et
 de bonne heure il fut appelé à travailler, non seulement pour
 s'instruire, mais pour vivre.
    Dans ces conjonctures pénibles, une planche de salul, bien
 frêle à la vérité, fut offerte à la famille malheureuse pour
 diminuer ses charges, et donner au jeune enfant une vocation
 honorable. Un militaire de l'Empire, du nom de Pillard, qui
 quittait les pontons, où il avait été prisonnier en Angleterre,
 était rentré en France sans autres ressources que quelques
 notions de l'art de la gravure, qu'il avait un peu étudiée dans
 sa jeunesse ; quelques travaux qui lui furent offerts à Vienne
 l'y Axèrent : c'était un homme très-intelligent, d'une activité
  rare, ei. qui savait tirer parti des faibles connaissances qu'il
 avait d£ son art.
     Le graveur Pillard eut occasion de voir le jeune Butavand
  et de connaître les malheurs de sa famille. Celui qui a souf-


   (1) Le 7 janvier 312, saint Lucien, prêtre d'Antioche, souffrit le martyre
sous l'empereur Maximin. Saint Lucien, premier évêque de Beauvais, qui en
fut surnommé l'apôtre, et y fut martyrisé le 8 janvier 290.