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354            LES FRÈRES DE SAINT-JEAN-DE-DIEU.

 reproche d'une telle infortune , et, comme injure , la lui jet-
 tera à la face (1).
    Ce n'est donc pas Dieu , qui, comme l'a dit Brocourt, les
 laisse là.
    L'homme seul, dans sa dureté, non seulement ne fait rien
pour alléger ce sort, le plus déplorable de tous, mais fait sou-
vent tout au contraire pour l'aggraver.
    Aussi la sagesse dans le traitement des pauvres aliénés
devrait, bien plus que la folie , prendre rang parmi les
choses occultes , rang que certain philosophe lui avait déjà
assigné.
    Autrefois refoulée par l'art de guérir dans les secrets de la
psychologie et dans les espaces imaginaires de la métaphysique
la plus abstraite , l'aliénation mentale ne recevait de la mé-
decine aucun secours , et tout au plus si depuis un demi-
siècle cet art a bien compris qu'il y avait pourtant là quelque
chose à faire. Si en Orient la science n'est pas plus avancée,
par compensation , au moins , la personne de l'aliéné y est
sacrée. Dernièrement un savant géologue , tombé entre les
mains des voleurs, a dû la vie à celte vénération ; à la vue de
ses mille échantillons lapidaires, si religieusement plies, les
voleurs prirent notre savant pour un pauvre fou ; au lieu de le
piller, ils se proslernèrent, le comblèrent de bénédictions
et le chargèrent de leurs dons.
    Les savants, sur le compte desquels on se méprend parmi
nous, ne sont pas toujours si bien traités.
    Ne soyons pas trop injuste. Reconnaissons pourtant que la
fondation des Établissements spéciaux dont nous allons parler,
ayant ouvert à l'étude un vaste champ d'observations, oïi en
est maintenant à proclamer qu'on ne rencontre plus], pour la
science, l'irrésistible force majeure dans la guérison de ce

  ;'l) Évangile de saint Matthieu.