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                  BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                   343

politique, de son unité, de sa civilisation, de la vie, du bien-
être matériel du peuple romain, de ses mœurs, de ses doc-
trines, de sa religion. Cette division, ce classement permettent
à M. de Champagny de ne rien omettre et de tout dire sans
confusion sur les hommes et sur les choses. C'est beaucoup
pour un livre d'histoire qu'un plan bien conçu.
    11 y a, chez l'auteur des Césars, de profondes et vastes
éludes sur la matière qu'il traite. On voit qu'il a longtemps
feuilleté les livres des autres avant d'écrire le sien, et qu'il ne
donne pas légèrement son mot sur les questions qui se pré-
sentent. Historiens, biographes, poètes, jurisconsultes, phi-
losophes, dissertateurs, inscriptions, M. de Champagny met
        !
tout < contribution et cite avec une rare exactitude. Son
        i
érudition est savante et discrète ; il ne surcharge pas les
marges de son livre de ce bagage inutile que l'on prend trop
souvent pour la science el qui n'en est que l'ostentation, il
 va au but et néglige les accessoires.
    Quoiqu'on ait beaucoup écrit sur la politique, l'adminis-
tration , les mœurs romaines, et qu'une semblable matière
ne soit plus un sujet neuf, quelque titre qu'on lui donne, Les
 Césars contiennent plusieurs aperçus entièrement neufs. Mais
c'est qu'aussi M. de Champagny a choisi, pour décrire et juger
la société romaine, un point de vue nouveau, le point de vue
du christianisme. Cet édifice moral, devant lequel la raison
humaine s'était jusque-là inclinée comme en extase, M. de
Champagny ose le mesurer à la lumière de l'Évangile et le
 trouver défectueux.
    D'abord , il se moque de ce progrès indéfini dont nos
stupides phraséologues ont presque fait une religion et qui
n'est qu'un déplorable mensonge. Le progrès existait dans le
monde romain : sous bien des rapports matériels il avait été
poussé plus loin que chez nous, el l'auteur des Césars prouve
qu'il n a abouti qu'à une incroyable immoralité el la plus dé-