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342 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Néron, la pjus méprisable, la plus exlravaganle qui fût. ja- mais ! C'est, du reste, l'époque des sophistes, des déolama- teurs, des esprits faux, la pire espèce de l'humanité. Il est vrai que la constitution de l'empire n'a point été encore visi- blement altérée par les vices, que la majesté de Rome se soutient au dehors, que son autorité est obéie, que la magèe de ce grand corps est toujours immobile. Mais si les principes désorganisaleurs qui amèneront plus lard sa ruine n'ont point encore fait éruption à sa surface, ils dévorent déjà les en- trailles. Donc, si l'époque des Césars est le point le plus élevé du progrès pour l'Empire, elle est en même temps le com- mencement de la décadence. Eh bien ! montrer dans un même tableau, à la fois curieux el instructif, celte puissance et cetle faiblesse, cette grandeur et cette abjection de Rome, (elle a été la tâche que M. de Champagny s'est imposée. Hâtons-nous d'ajouter qu'il s'en est acquitté avec un remarquable talent. Eh ! certes, ce n'est point guidé par une simple fantaisie littéraire que M. de Champagny a abordé une période si complexe, c'est, comme il le dit, parce qu'il l'a jugée instructive, principalement pour notre siècle. Car, toute l'antiquité se résume dans cette époque et y vient aboutir, et que, si l'histoire est bonne à quelque chose, c'est à rectifier nos idées sur le présent par la connais- sance du passé. Combien cette moralité honore un auteur ! il est consolant de rencontrer, parmi cette foule d'écrivains qui mettent leur plume au service de la frivolité ou de la corrup- lion, un homme de bien qui consacre son talent à éclairer. Voyons comment l'auteur des Césars a rempli ce noble but. M. de Champagny divise son livre en deux parties. Dans la première, il crayonne à grands (raits les physionomies des six Césars et expose, dans une narration rapide, les principaux faits qui composent l'histoire de leurs règnes. Dans la seconde partie, il s'occupe de l'étendue de l'Empire, de sa constitution