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                           PÉLOPONÈSE.                          317
l'une près de l'autre, et que l'Eurotas enlace de ses fauves an
neaux. Le village de Vourlia est pittoresque et séduisant comme
l'un de ces hameaux qui ornent les penchants des Alpes ; ses mai-
sons blanches, entourées de larges balcons, annoncent une cer-
taine aisance parmi ses habitants. Des femmes grandes, gracieu-
ses, drapées dans leurs larges vêtements, involontairement posées
comme des statues antiques, filent du chanvre sur le seuil de
leurs maisons ; des pallikares au profil d'aigle, au teint cuivré,
au fessy fièrement jeté sur le côté, chantent en ramenant les
troupeaux. Un air, rafraîchi par les neiges du Taygète et par-
fumé par les arômes qu'il recueille en passant sur la vallée,
remplit et ranime la poitrine. Tout cela fait de Vourlia un déli-
cieux séjour dont le charme est d'autant plus vif que la scène
est plus sombre vis-à-vis, au sein des précipices et des forêts
du mont Taygète.
   Après être descendu chez le démarque de l'endroit, et pendant
que mon guide installait les bagages et les provisions, j'aperçus
en me promenant à quelques pas de là, une petite église ornée
d'une flèche aigûe et abritée sous un frêne gigantesque qui la
couvrait presque tout entière de son dôme verdoyant. Située
sur un retranchement avancé de la chaîne de collines qui borde
en ce sens la vallée, elle se penche au bord d'un ravin profond où
croissent des arbrisseaux touffus. Son clocher et son grand
arbre se voient de toutes parts et semblent un incessant appel
à la méditation et à la prière. J'ai toujours trouvé un charme
particulier à ces petites églises grecques ; simples et rustiques
à l'extérieur, elles sont ordinairement placées dans le site le plus
pittoresque ou le plus gracieux du hameau qui l'entoure ; on
devine en les voyant qu'une inspiration artistique s'est unie à
la pensée religieuse pour présider à leur construction. Si
l'on pénètre dans l'intérieur, on éprouve une émotion pleine de
recueillement ; leur enceinte obscure exhale un parfum de piété
primitive ; des lampes de cuivre pendent à la voûte et brûlent
sans cesse ; un faisceau de cierges, à tout instant renouvelé par
ceux qui viennent prier ou se reposer, se consume lentement à
l'entrée, près du bénitier ; de grands saints, aux vêtements de