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PÉLOPONÈSE. 315 crânes et des ossements que les oiseaux de proie ont abandon- nés. Guerriers dignes de plus de renommée, ensevelis dans leur victoire, comme leurs aïeux le furent à Marathon ! Mais, moins heureux que ces derniers, ils n'ont point eu de monu- ments funèbres élevés sur leurs cendres. A peine leurs compa- gnons d'armes avaient-ils le temps, une fois le combat fini, de répandre sur leurs dépouilles quelques larmes et quelques prières ; il leur fallait s'enfuir, abandonnant les cadavres de leurs frères à la merci du ciel et à l'oubli des âges, afin de re- former leurs rangs plus loin , car d'innombrables phalanges d'ennemis accouraient sans cesse pour remplacer celles qui' avaient disparu. Non loin de là existait la ville de Séllasie, ville antique dans l'antiquité même, mère de plusieurs peuples, point de départ de nombreuses migrations qui s'établirent dans les contrées environ- nantes et en franchirent même les limites. Nous approchions insen- siblement du pays de Sparte, par un étroit sentier pratiqué dans le roc, montant et descendant avec des secousses de terrain qui risquaient à tout instant de briser les jambes de nos chevaux. De chaque côté, de vigoureux arbustes retiennent les terres qui menacent de combler le sentier ; leurs rameaux entrelacés ob- truent la route et forcent le cavalier à se coucher sur le cou de sa monture. C'est par là que l'ennemi arrivait toujours et dé- bouchait inopinément sur les hauteurs voisines de Lacédémone. III. YOURLIA. En cet endroit, la nature subit une immense transformation et revêt des caractères de grandeur, de sévérité et de force qui frappent vivement l'esprit. On se sent arriver dans une contrée fameuse, dont l'éclat projette son reflet sur les lieux qui l'en- tourent. Là , le nom de Sparte est écrit partout : sur le front des montagnes, dans la profonde atmosphère du ciel, sur le sol même qu'on foule, rocher sonore vêtu de mousses vigou-