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DE LA FOLIE. , 219 ces différents milieux sur les faibles intelligences forcées de s'y mouvoir. Les idées dominantes sont de grands courants d'opinion qui portent les forts, mais qui roulent et'engloutissenl les faibles. Or, dans leur généralité la plusjgrande, elles se résument dans les idées religieuses et les idées politiques ; ce sont, en effet, celles qui enveloppent le plus complètement et remuent le plus profondément l'homme en tout son être. Malheureusement, Esquirol ne paraît pas s'être douté de l'importance qu'il y a à distinguer entre la vérité, la fausseté ou l'excès des idées dominantes ; et il attribue à toute idée reli- gieuse , comme à toute idée politique , dominante , quelle qu'elle soit, une influence également délerminalive de la folie. C'est ainsi qu'il met sur la même ligne , à cet égard , et les idées dominantes sainement catholiques , et ces mêmes idées parfois altérées par un fanatisme que condamne la foi autant que la raison, et les idées dominantes politiques telles que les façonne ta brutalité de nos incessantes révolutions. « Le « fanalistne religieux, dit-il, qui a causé tant de folies au- « Irefois, a perdu toute son influence aujourd'hui et produit « bien rarement la folie... Tel, ajoute—t—il, que les frayeurs « révolutionnaires de 93 rendirent aliéné, le fut devenu,, il y « a deux siècles, par la crainte des sorciers et du diable. » « L'influence de nos troubles politiques a été si constante , « dit-il encore , que je pourrais donner l'histoire de notre « révolution, depuis la prise de la Bastille jusqu'à nos jours, « par celles de quelques aliénés dont la folie se rattache « aux événements qui ont signalé cette période. « Lorsque le pape vint en France les folies religieuses fu- « rent plus nombreuses ; lorsque Bonaparte fit des rois il y « eut beaucoup de rois et de reines dans les maisons d'a- « liénés. »