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DE LA FOLIE. 209 M. Flourens ne parle que de la Médecine, et encore de la Médecine à l'endroit de la folie. Son esprit, si érudit et si juste , n'a pu vouloir dire autre chose dans cette phrase, à expression peut-être trop générale. Nous ne craignons pas de faire ces réserves en son nom. M. Flourens, sait, en effet, mieux que nous-même, tout ce que l'esprit humain a dû, en tout genre , aux siècles antérieurs ; et il comprend, à coup sûr, de même, combien, à ce point de vue d'un éloge si absolu, il serait, d'ailleurs, injuste de mettre sur la même ligne elle XVIIe siècle, si universellement créateur, et leXVIII e , si universellement destructeur. Qui peut ignorer ce que le premier a renouvelé si brillamment parmi nous ? mais, quant au dernier , sauf une certaine impulsion donnée, dans un sens, du reste, trop matérialiste, aux sciences physi- ques et physiologiques, déjà même presque toutes en marche dès alors, n'est-il pas assez certain qu'en fait de nouveautés il s'est plus appliqué à nier qu'à affirmer, à ruiner qu'à édifier, à faire des folies, enfin, qu'à en guérir? Mieux encore, selon M- Flourens, il les tenait toutes pour incurables. Hélas ! les demeurants de ce siècle au milieu de nous ne semblent-ils pas encore se plaire à nous prouver, que pour certaines d'entre elles, il avait bien raison ? Quoi qu'il en soit, c'est notre siècle qui a l'honneur d'a- voir le premier pris à cœur sérieusement la destinée de ces pauvres deshérités de la raison , de ces tristes victimes de l'i- gnorance médicale. Quatre noms, au dire de M. Flourens , résument tous ces nobles et heureux efforts ; ce sont ceux de Pinel, Esquirol, Georgetet Leuret. I. « Le premier pas qu'ait fait Pinel a été de reconnaître que « la folie est curable -, le second a été de substituer â un trai- « tement barbare un traitement plus humain, mieux rai- 14