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DE N.-D. DE F0IÎR\1ÉRE. 171 Faisons compliment du bon goût qui a présidé à l'ornementation de la cha- pelle de la Vierge ; comme ces étoiles scintillent bien sur ce fond tacbé de gros bleu ! Comme ces nervures se détachent vigoureusement ! Comme les rocailles du Sanctuaire sont bien en relief! La matière est vraiment inépui- sable , et nous ne nous arrêterions pas. Résumons : la beauté d'un monument est dans l'ensemble de toutes ses parties concourant à une harmonieuse unité : unité de stylo , unité de com- position, pureté de lignes et de profils, sobriélé et choix de détails. Trou- verions-nous tout cela dans les travaux faits à Notre-Dame de fourvière ! Tous les yeux, nous le savons , ne sont pas également frappés par les mêmes défauts. Il en est pour qui un certain mélange a du charme : qui sont séduits par l'étrangeté des formes , par la bizarrerie de l'arrangement, mais que ue séduirait pas moins la vraie, Ja solide beauté , si on la leur montrait. Après tout, il n'en coule pas davantage et c'est plus sûr. Pourquoi les res- taurations successives, qui se font dans la cathédrale, s'harmonisent-elles avec l'édifice , à ce point qu'il semble qu'on n'y a pas louché ? parce qu'il y a unité de pian , et unité de direction. Eh bien ! ces deux choses ont man- qué dans un grand nombre de restaurations dont nous avons été les témoins. Nous faisons une honorable exception pour l'église d'Ainay , pour celle de Si-George , pour celle (de St-Bonaventure, quoique tout n'y soit pas irrépro- chable.— Chacun fait prévaloir son sentiment: l'un veut une chambre, l'autre un couloir; celui-ci une couronne ducale; celui-là une couronne royale ; un troisième une couronne d'étoiles. L'architecte ou l'artiste , forcé dans son intérêt de ménager cette lutte de succeptibilités, ajoute , retranche, taille -, fait et refait des projets. Alors les membres d'une commission qui ont du goût, du savoir, de la conscience, se retirent , ce qui n'empêche pas les autresde marcher ; et quand on a mis la dernière pierre; quand on a donné le dernier coup de ciseau , de justes critiques s'élèvent : personne alors ne veut avoir la responsabilité de l'œuvre. Heureux encore le critique, si on ne lui jette pas la pierre, pour quelques observations justes et mesurées. Il nous serait facile de citer tels monuments de notre Ville , dont tes ar- chitectes, après l'achèvement, ont récusé chacun sa pari de coopération. Ce n'est pas ainsi qu'on travaille pour les siècles. Quelle honte pour nous lyon- nais, qu'un inspecteur général des monameuls de France soit venu sur notre colline pour y lever les épaules de dédain et porter dans la capitale cette conviction ; qu'à Lyon j on ne sait rien faire ! Aussi, s'agil-il de remplacer une pierre tombée d'une de nos églises, si elle est classée parmi les monu- 1 meals , vite Paris nous dépule des architectes , comme si nous n'en avions pas de compétents.