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172 DE LA STATUE ET DU CLOCHER, ETC. Nos lecteurs auront compris la droiture de nos intentions ; serait-il besoin d'excuser ces paroles de blâme que nous avons cru devoir faire entendre dans l'intérêt de tous , et surtout dans l'intérêt des artistes. Il est évident qu'on sera forcément amené à construire une église pour le nouveau clocher de Fourvière. Ce qui est fait restera , sans aucun doute ; mais , par la. ma- nière dont on étudiera les constructions à venir , il sera peut-être possible d'atténuer les fautes commises. Alors , peut-être aussi , le champ sera plus large, et nous faisons des vœux pour la réalisation du projet qui a si vivement occupé l'opinion publique. Nous savons bien, nous, ce qu'il faudrait bannir de Fourvière , e t , si nous pouvions dire ici noire pensée , nous montrerions ce que le commerce des objets de dévotion nous cache. La chapelle de Four- vière a hérité de la dévotion des Lyonnais à Notre-Dame de l'IIe-Barbe ; qu'on n'oublie pas les raisons qui obligèrent les archevêques à interdire ce dernier pèlerinage. Nous sera-t-il permis de rappeler, en terminant, que le tableau d'OYsel est toujours dans une salle d'attente ; que celte oeuirre dans laquelle , dit M. Le- normant , Orsel a pmusé jusqu'à la dernière limite la sobriété des moyens , dans laquelle il s'est élevé plus que jamais , que cette œuvre, disons-nous, n'a rien perdu de son importance, et que par tous les motifs il serait bon de lui donner sa place. Nous voudrions attirer aussi l'attention sur les tableaux votifs appendus aux mnrs de la chapelle ; ils ne sout pas , assurément, des chefs-d'œuvre ; mais, dans le grand nombre de ceux qui disparaissent, plusieurs transmet- tent des noms émiuents , des dates remarquables ou des événements qui se rattachent à l'histoire locale. Serait-il si difficile d'en faire uu choix intelli- gent , et de les conserver comme des archives précieuses au point de vue re- ligieux et historique ? On voit, dans la salle des Pas-Perdus du Tribunal de Commerce, à l'Hôtel-de-Ville, plusieurs rangées de cadres vides ; ces cadres contenaient les portraits des magistrats de la cité ; ils étaient, pour les vieilles familles lyonnaises, un souvenir vivant des vertus civiles de leurs ancêtres. En 1793 , ces portraits furent brûlés ; on regretle mainte- nant leur disparition. Il en sera peut-être ainsi des tableaux de Fourvière. Vandalisme ou incurie, le résultai est le même. L'abbé ROUX.