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146                 HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ

 Benoît XII, qui en renferment pourtant le désaveu. Sans
 doute, l'historien qui voit la politique des pouvoirs changer
 avec les hommes qui les représentent, doit apprécier les mo-
 tifs de ces changements. J'irai même plus loin. Dans toutes
 les questions difficiles et obscures, le plus simple, à mon avis,
 est de se placer au point de vue du pouvoir, surtout quand le
 pouvoir est le Saint-Siège ; car, a priori, et^à ne parler que
 sous le rapport politique, c'est de ce côté que doivent être la
 lumière et la raison. Mais on sent combien la matière est
 délicate et combien ici l'historien a besoin de prudence et de
 ménagements.
    J'hésile d'autant moins à soumettre ces observations à
 M. l'abbé Christophe que son ouvrage me paraît de force à les
 supporter parfaitemenl, et que j'ai cru y remarquer, à mesure
 que j'en poursuivais la lecture, une allure de plus en plus
 libre et des assertions de plus en plus sûres. Le mérite en est
d'autant plus grand que l'histoire de la papauté présente à
 chaque pasjes questions les plus ardues et souvent aussi les
moins comprises, même par les auteurs contemporains.
    Les négociations des divers Etats avec la cour de Rome
ont toujours été des plus difficiles de toutes, à cause du ca-
ractère de cette cour , dont la force et les armes sont très-
différentes de celles des autres gouvernements. M. l'abbé
Christophe s'est tiré de ce genre d'écueils, féconds en nau-
frages avec une heureuse franchise et une remarquable li-
berté d'esprit. Il a caractérisé la plupart des personnages
et des situations avec une netteté et une vraisemblance
frappantes. Le grand schisme surtout a dû se passer tel
qu'il le décrit. Son récit aide à en comprendre toutes
les péripéties avec un intérêt saisissant. La divergence des
opinions, celle des actes des personnages qui remplissent la
scène, est présentée avec beaucoup de naturel. Les hommes
qui aiment les décisions tranchées et les jugements tout d'une