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w PENDANT LE XIVe SIÈCLE. 139 donnèrent Rome, le schisme se trouva presque inévitable. On vit, en 1328, l'empereur Louis de Bavière élever un anti-pape dans la ville éternelle au nom des Allemands et des Italiens. L'histoire de Rome n'est qu'une protestation perpétuelle con- tre l'absence des pontifes, jusqu'à ce qu'ils lui fussent rendus. Toutes les contrées de l'Europe chrétienne étrangères à la France se montrèrent à leur tour peu favorables, pour ne pas dire plus, à une situation qui faisait ou semblait faire de la Papauté, non plus une puissance cosmopolite , mais une puissance française. C'est là ce qui explique le décri ou l'oubli dans lesquels était tombé ce siècle, unique peut-être entre les siècles his- toriques de la Papauté. Beaucoup d'auteurs profanes l'ont ac- cusé d'avoir été un siècle de décadence et de corruption pour l'Église, d'affaiblissement religieux pour la chrétienté, et d'avoir annoncé ainsi lé déchirement prochain de l'Europe latine par la réforme. Les historiens de l'Église ont reculé à leur tour devant la peinture d'une époque qui, loin d'être la plus brillante, montrait au contraire et souvent à nu des plaies dont ils préféraient détourner les yeux. Il est fort na- turel que les grands pontificats de Grégoire VII et d'Innocent III aient trouvé des historiens avant celui de Clément V ou ce- lui de Jean XXIII. Cependant les époques de décadence, de crise ou de révolutions, ne sont pas pour cela moins ins- tructives ni moins intéressantes. Elles ont aussi leur gran- deur, en même temps que leur place dans la série des temps. Les crises décisives du monde leur appartiennent. Comment comprendre par exemple le règne pontifical des Nicolas V et des Pie II, dont M. l'abbé Christophe nous promet l'his- toire, si l'on ne sait.ce que fut la papauté d'Avignon, et comment l'Église échappa aux périls et aux écueils du grand schisme? Peut-être, à la distance où nous sommes d'un passé déjà loin de nous, l'éclat des grandes époques projette-