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138 HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ et la lucidité du récit, lui assignent même un rang élevé parmi eux. La publication de pareils livres est une protestation éloquente et péremptoire contre les accusations qu'on jette trop souvent à notre temps de ne rien produire qu'à la hâte et pour une publicité éphémère, et de remplacer le métal de prix par un faux clinquant. De toutes les époques de l'histoire de la Papauté, le XIVe siècle avait été la plus négligée à coup sûr. Il fallait, pour l'étudier, recourir au vaste recueil de Baluze, ou se contenter des histoires générales, c'est-à -dire de celle de Fleury; car on ne peut tenir compte de la lourde compila- lion de Rohrbacher, également dénuée d'esprit, de critique et de style. Hors de là , le XIVe siècle n'avait été le-sujet que d'un seul ouvrage assez court et très-superficiel, publié il y a dix ans par l'abbé André. Le livre de l'abbé André, écrit avec facilité et esprit, n'en était pas moins tout à fait insuffi- sant. M. l'abbé Christophe acompris qu'il existait là , dans cette partie des travaux historiques modernes, une vaste lacune, et il a entrepris de la combler par un examen et une étude approfondie de tous les auteurs et documents originaux dont ses explorations dans les bibliothèques du Comtat Venaissin lui ont permis d'augmenter le nombre. Le XIVe siècle avait, au moins en apparence, de puissantes raisons d'être négligé par les historiens. C'est,en effet, le temps de V translation du Saint-Siège à Avignon, translation qui a aboutit elle-même au grand schisme. Je suis disposée penser, avec M. l'abbé Christophe, que le séjour des papes à Avi- gnon a exercé sur leur liberté et leurs actes beaucoup moins d'influence qu'on ne le croit généralement ; cependant, il n'est pas douteux que leurs relations avec la France ne fussent alors trop étroites et trop intéressées pour ne porter aucune atteinte à leur autorité morale, surtout dans les autres pays, tels que l'Italie et l'Allemagne. Dès le jour où ils aban-