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      HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ PENDANT LE XVe SIÈCLE.         135

connaît pas moins qu'elles commandent le respect. VHis-
 toire de la décadence de l'Empire romain, ce curieux mé-
lange d'observations piquantes ou chagrines, œuvre d'un
esprit plein de perspicacité et de préjugés tout à la fois, re-
produit seul alors avec quelque exactitude les lignes princi-
pales de ces grandes colonnes du moyen-âge. Quoique l'au-
 teur ait voulu peindre des ruines, on sent que ces ruines sont
 encore debout.
    Dès qu'on sort du XVIIIe siècle pour entrer dans le nôtre,
 c'est un autre souffle, une autre inspiration, une autre vie.
 Les recherches sont plus patientes, plus désintéressées, plus
 ambitieuses; car on ne se contente plus d'une élude, d'une
 analyse plus ou moins superficielle du passé ; on ne se pro-
 pose rien moins que de le faire revivre, tel qu'il fut, et d'en
 ranimer la poussière. On recueille, on reconstruit partout au-
jourd'hui les moindres monuments de notre histoire, comme
 on relève et on répare ceux de notre architecture. Nous avons
 assez vécu déjà pour nous faire honneur de cette restau-
 ration, qui, sans être plus exempte qu'aucune autre œuvre
 humaine des préjugés et des passions du jour, que le temps
 seul en pourra séparer dans son crible inexorable, continue
 pourtant de s'accomplir avec assez de grandeur pour être un
 des signes de notre époque.
    Il était impossible que l'histoire de l'Église ne tînt pas
 une large place dans celte œuvre de reconstruction laborieuse,
 et que les esprits ne fussent pas ramenés à l'étude plus par-
 ticulièrement approfondie du passé de la Papauté, de cette
 grande puissance qui a été la première ouvrière de la civilisa-
 tion européenne, qui a su discipliner la force matérielle et
brutale pour en faire l'instrument de ses desseins, qui enfin n'a
 point changé depuis quinze siècles, malgré les révolutions
 et les bouleversements des empires, pareille à l'étoile de la
 mer qu'on voit reparaître plus brillante après chaque orage.