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136 HISTOIRE DE LA PAPAUTÉ Il était même d'autant plus naturel que celte élude acquî le privilège des préoccupations savantes et de la faveur publique, qu'on esl aujourd'hui plus profondément convaincu de la nécessité de raffermir l'ordre moral et de rendre aux idées religieuses un empire trop ébranlé. Loin d'appartenir à un seul pays de l'Europe ou même à une seule communion, l'entreprise de reconstruction de l'his- toire ecclésiastique est commune à la Prusse, à l'Angleterre comme à la France , à l'Autriche et à l'Espagne, aux étals protestants comme aux états catholiques. Elle n'en a donc que plus de grandeur et de portée. Ici comme partout où il se présente quelque exploration scientifique nouvelle, quel- que terrain rebelle encore à aplanir et à défricher, les Alle- mands, ces infatigables pionniers de l'érudition moderne, marchent en première ligne. Les Ranke, les Voigt, les Hurter, les Neander, les Mœhler, las Dcellinger, se présentent sous des drapeaux différents, mais poursuivent le même but. Il y a quelques semaines h peine qu'un des esprits les plus élevés de la Prusse, un des chefs du piélisme, et en même temps l'un des plus savants hommes du siècle, M. Bunsen, publiait encore d'originales et intéressantes recherches sur l'Église au temps des persécutions. En Angleterre, un observa- teur habile peut signaler la même direction des idées : il n'est pas jusqu'à M. Macaulay, qui, bien que protestant et d'une école très-philosophique, a caractérisé la politique de la cour de Rome vis-à -vis des églises proteslantes, avec une impar- tialité et une élévation sans exemple. Qu'on lise sa critique du livre de Ranke sur l'histoire de la Papauté au XVIIe siècle. Mais si ces tendances sont celles de toute l'Europe sa- vante, on ne peut nier qu'elles ne soient plus marquées et surtout plus heureuses dans les pays catholiques, pour les- quels le passé de l'Église et de la Papauté est bien mieux un héritage de famille. C'est ainsi que l'Espagne peut citer