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102              LETTRE SUR LES TROIS BURCHARD.
arbitre d'un différend (pièce n° 647 de mon édition ). Cela me
permet d'accueillir l'opinion de ceux qui le font mourir dans sa
lutte contre Conrad le Salique, auquel il aurait disputé la
couronne de Bourgogne transjurane.
   Voici commentée fait est rapporté. À la mort de Rodolphe III
(le 6 septembre 1032), le royaume de Bourgogne fut uni à l'em-
pire , en vertu de la cession que le roi défunt en avait faite à
Conrad le Salique. Mais Burchard II refusa de reconnaître l'au-
torité de l'empereur, et prétendit succéder à son frère. Si l'on
s'en rapporte à la chronique de Hugues de Flavigny , le prélat
lyonnais mourut les armes à la main ; suivant d'autres auteurs,
il fut forcé de mettre bas les armes, après s'être vaillamment dé-
fendu (1). Quoi qu'il en soit, Burchard étant mort au commen-
cement de 1033, le clergé et le peuple proclamèrent archevêque
Odille , abbé de Cluny. Odille refusa l'épiscopat par humilité.
Ce refus , qui donna lieu à de grand désordres , valut au saint
abbé une lettre de blâme de la part du pape Jean XIX ; mais
Odille n'en persista pas moins dans sa résolution.
   Cette version , il est vrai, peut paraître présenter une diffi-
culté. Burchard II étant mort, suivant moi, au commencement
de 1033, et le pape Jean XIX à la fin du mois de mai de cette
année, il semble difficile de faire tenir dans un aussi court in-
tervalle de temps (quatre ou cinq mois environ ) les événements
que je viens de rappeler, c'est-à-dire l'élection et le refus
d'Odille, puis la réprimande du pape ; toutefois Lyon n'est pas
assez éloigné de Borne pour rendre la chose impossible.
   Venons maintenant à Burchard III, ou pour mieux parler ,
disons un mot des désordres qui suivirent le refus d'Odille, car
on ne peut pas admettre que Burchard III ait occupé le siège

   (i) Burchard II ne fut pas le seul qui prétendit hériter de Rodolphe III.
Eudes , comte de Champagne , fit aussi la guerre pour cela à Conrad le Sali-
 que, après la mort de son cousin germain Burchard ; c'est ce que constate la
souscription d'une charte du cartulaire d'Aiuay, que je publie à la suite du
cartulaire de Savigny ; on y lit : « Oddone Catnpanensi regnum Galliœ summis
juribus sibi vindicante. » (Charte aa de mon édition.)