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LETTRE SUa LES TROIS BURCHARD. 103 archiépiscopal de Lyon. Vous citez, il est vrai, « une charte « de l'évêque' de Belley ( qui n'était pas, comme vous-croyez, « suffragant de Lyon) dans laquelle il est dit que l'archevêque « Burchard prononcera l'anathême contre tous ceux qui con- « treviendraient aux dispositions contenues dans cet acte, lequel « est daté de 1032 et du règne de Rodophe III » ( par consé- quent antérieur au 6 septembre ) ; mais il s'agit évidemment de Burchard I I , comme le pensent les auteurs du Gallia .chris- tiana (1). C'est en vain, je crois, que vous vous efforcerez de donner du corps à votre hypothèse; il ne reste pas un seul monument qui témoigne que Burchard III ait été réellement archevêque de Lyon : il a pu s'en donner le titre ; mais il ne fut pas élu, et n'a jamais été considéré comme tel par les histo- riens. Outre les violences exercées par ce prétendant, la ville de Lyon eut encore à souffrir, durant la vacance du siège, des tentatives d'un autre usurpateur. Le comte Gérard, croyant le moment fa- vorable pour ressaisir l'autorité qu'avaient exercée ses aïeux dans cette ville, s'efforça de faire nommer archevêque son plus jeune fils encore enfant {adhuc puerulum), à l'exemple de Con- rad le Pacifique ; mais les soldats de l'empereur chassèrent le père et le fils. Certes, je n'ai pas l'intention de défendre les prétentions du comte ; mais, me plaçant au point de vue purement mondain, je crois que l'élection du fils de Gérard, tout aussi canonique (2) que celle de Burchard II, aurait eu, quoique vous en disiez, un ré- sultat plus heureux pour l'église de Lyon, en faisant dès ce moment cesser une lutte qui se prolongea encore pendant près de deux siècles. En effet, la guerre, souvent sanglante , que se faisaient depuis le Xe siècle les archevêques et les comtes , au sujet de la souveraineté temporelle de Lyon, ne cessa que le jour où Renaud de Forez fut porté au siège épiscopal, vers la fin du XIIe siècle. La vanité et l'ambition des comtes de Forez (i) Tom. iv , col. 8o. (») Gallia christiana, t. îv, col. So.